A Vendôme, arrivée du premier train venant de Tours. Il a dû franchir le Loir sur une passerelle en bois, qui remplace provisoirement, l’arche détruite par une mine, lors de la retraite de l’armée sur Le Mans.
Les dernières réquisitions arrivent : il faut fournir, pour le lendemain matin, dix voitures, qui devront se rendre à Blois où se concentre le dernier corps d’occupation.
Le maire de Vendôme demande aux habitants de restituer les biens qui ne leur appartiennent pas. Plusieurs d’entre eux ont soustrait aux allemands, les biens des maisons voisines inoccupées, et les allemands eux-mêmes ont transportés d’une maison à l’autre un certain nombre d’objets et de meubles. Les propriétaires vont avoir la joie de revoir ce qu’ils croient perdu à jamais. Ce ne sera malheureusement pas le cas de tous.
Les témoins de l’époque racontent tous qu’une nuée d’usuriers suit les troupes allemandes aux grés de leurs mouvements. Ils sont là pour acheter à bas prix les objets volés dans les maisons. Cela explique pourquoi tant d’objets inutiles pour un soldat en campagne sont pris dans les maisons : vêtements de femmes, pendules, tableaux, livres, etc.
Difficile d’imaginer un soldat partant au combat avec des jupons de femme, un tapis de laine et une statuette en bronze dans son paquetage. Il est plus facile de croire que ce butin a été revendu à ces « suiveurs de troupes » et échangé contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Bien des effets français vont ainsi se retrouver dans les boutiques allemandes.
Un représentant d’une société anglaise arrive, pour distribuer des céréales à semer, pour les cultivateurs qui ont tout perdu. Chaque canton reçoit vingt-cinq sacs de blé de mars, quarante-sept sacs d’orge et douze sacs d’avoine à distribuer. Seuls les cultivateurs exploitant moins de vingt hectares vont en bénéficier, au prorata de leurs pertes.
La population anglaise a été très touchée par le sort des civils français : orphelins, agriculteurs, blessés, etc. L’aide qu’elle leur apporte est totalement neutre et bienfaisante.
Peut-elle savoir que ses petits-enfants vont, à leur tour, quatre décennies plus tard, traverser la Manche, pour combattre les allemands aux côtés des français ?
A Bitche, on se prépare à évacuer la place. Mais le commandant Teyssier n’entend pas faciliter le travail des allemands. Alors qu’il reçoit d’eux un télégramme lui sommant l’ordre de quitter immédiatement la place forte et le territoire allemand, par le chemin le plus court, il répond le lendemain, qu’il attend toujours l’annonce officielle du traité de paix.
Un soldat doit obéir à son ministre et, celui du commandant Teyssier, ne lui a encore donné aucun ordre !!!
A Ulm, en captivité, Laurent Klen, de Feix, Meurthe, vingt-quatre ans, décède du typhus. Thomas Astenay, de Poullan, Finistère, soldat au 40e de ligne, décède de pneumonie.
A Mayence, en captivité, Louis François Boileau, de Vendée, soldat au 34e de ligne, décède de la petite vérole, après un mois d’hospitalisation. Jules Bucher, trente-six ans, natif de Chilsigheim, Bas-Rhin, soldat au 67e de ligne, décède après près de quatre mois d’hospitalisation.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 9 mars 2021