A Saint-Genest, Léon de Maricourt et Julien de Saint-Venant reprennent leurs marques. Les mobiles convalescents et blessés qui le peuvent, rejoignent les régiments et intègrent les six compagnies restantes de leur bataillon du 75e mobiles. Les cadres sont complétés et les hommes font l’exercice deux fois par jour.
Le 33e mobiles de Denis Erard est à Scorbé-Clairvaux, pour défendre la même ligne que le 75e, son secteur s’étendant de la Tour-Pouille à Saint-Genest. Il s’est établi sur une crête qui commande trois routes, celle de Thuré à Sossais, de Sossais à Saint-Genest et de Saint-Genest à Thuré. Cette ligne de crête est en réalité un chemin aux bœufs qui serpente à travers les vignes et les sapins. Le hameau des Pichereaux, tout près, est défendu par les chasseurs à pied.
La garde mobile de la Haute-Vienne est stationnée à Dissais. La garde mobile de l’Orne est à Loudun. La garde mobile de la Charente-Inférieure est à Thuré. La garde mobile de Seine-et-Marne, qui se trouvait jusque là à Issoudun, est partie la veille, laissant la place aux troupes cantonnées à Reuilly et en avant de Vierzon. Une première étape les a menés à Lignière, dans le Cher, et le lendemain, 24 février, les Seine-et-Marnais reprennent la route à cinq heures du matin, sur la route de la Châtre. Ils y arrivent dans l’après-midi.
A Laval, la garde mobile du Lot est dans la même situation. Ils se préparent à la reprise de la guerre et piègent tous les ponts de Laval et le pont de Forcé avec des fourneaux de mine.
Ailleurs aussi on se prépare à la reprise des hostilités.
Même si c’est l’armistice, certes provisoire, certains détachements allemands continuent leur invasion.
A l’Ouest, la ville d’Honfleur, jusqu’ici en zone neutre, est envahie par les troupes du colonel de Rauch. Comme dans l’Est, les réquisitions continuent dans l’ouest. Rouen doit payer six millions et demi de contribution de guerre. Les troupes françaises continuent leur travail de fortifications.
Au Havre, des retranchements sont creusés. La ville est le dernier point libre sur la Seine et sera forcément la cible des premières attaques allemandes. Honfleur étant passé aux mains de l’ennemi, les communications du Havre avec la rive gauche sont rompues. La nouvelle ligne de front décidée par le général de Chanzy devant barrer la route de Bordeaux, la Normandie est abandonnée et la Bretagne n’a plus qu’une armée de mobilisés pour la défendre. L’Ouest tombera comme une poire mure, dans les mains des allemands dès les premiers combats.
A l’Est, Paul Trochon, franc-tireur de Jonzac blessé à Prauthoy, lors des combats des 23 et 24 janvier, a reçu une autorisation de convalescence. Il se rend à Nevers, renvoyé chez lui avec quatre autres blessés, et a quitté Langres la veille, à midi et demi, par la route de Dijon. Le temps est passé au beau, et la neige a disparu. Les militaires du 50e sont en train de blinder la partie supérieure des bâtiments de la citadelle, en prévision de la reprise des bombardements. De grosses poutres en bois sont installées, recouvertes par d’épaisses couches de terre.
Les francs-tireurs traversent les campagnes où l’armée allemande continue ses réquisitions et ses exactions. A Prauthoy, où se trouvent de nombreux blessés français, un sous-officier allemand a tué d’un coup de sabre le chien du curé qui dormait à ses pieds. A Vaux-sous-Aubigny, c’est une vieille femme, la veuve Dragon, qui a été tué d’une balle par une sentinelle, parce qu’elle ne répondait pas aux injonctions allemandes. Encore aurait-il fallu qu’elle les entende, étant totalement sourde.
Le nouveau 83e de marche est arrivé à Annecy la veille, par la voie ferrée. Il est composé des bataillons de mobiles de la Haute-Garonne, du Haut-Rhin et du Tarn-et-Garonne.
A Ulm, Jules Vanhove, de Paris, soldat au 1er régiment d’artillerie, décède d’une pneumonie.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 24 février 2021