A Bordeaux, l’assemblée nationale nouvellement élue se réunit.
A Saint-Ouen, près de Vendôme, Léon de Maricourt est guéri. L’armistice doit prendre fin et la guerre recommencer. Il est prêt se battre mais, pour cela, il doit d’abord rejoindre son régiment. Il ne part pas seul. Julien de Saint-Venant veut également rejoindre le 75e mobile pour reprendre le combat. Les deux hommes, habillés en civil, partent pour Blois. Raoul, pour sa part, n’est toujours pas guéri de ses blessures et doit rester à Saint-Ouen.
Arrivé à Blois, les deux hommes apprennent que les prussiens gardent le pont, mais que les chemins sont libres, sur la rive gauche de la Loire. Ils décident de traverser, toujours habillés en civil. Il faut rappeler qu’en quittant la maison des Saint-Venant qui sert également d’ambulance, ils sont devenus des évadés et risquent gros s’ils se font prendre.
La musique d’un régiment prussien joue en tête du pont. Les deux hommes se mêlent aux badauds, passent le premier factionnaire et se dirigent tout doucement, vers l’arche du milieu. Détruite lors de la prise de Blois. Le passage sur la Loire se fait grâce à un plancher de madriers. Ils passent un second factionnaire, indifférent, et arrivent du côté du faubourg de Vienne.
Le pont est barré par un obstacle massif en bois, une palanque, percée de meurtrières, sur laquelle on travaille activement, signe d’une reprise prochaine de la guerre. Mais la surveillance est plus que légère et les deux hommes passent en se mêlant aux ouvriers. Mais ils sont toujours en zone occupée. La diligence pour Romorantin est prête à partir. Elle est pleine à craquer mais ils réussissent à se caser, Julien sur la banquette près du conducteur, Léon au fond à l’intérieur, derrière une grosse femme portant des paniers sur ses genoux.
La nuit tombe lorsque la diligence est arrêtée, à Cheverny, par un détachement prussien. L’un d’eux réclamant leur laisser-passer est copieusement insulté par la grosse dame. Resté calme, le prussien lui répond juste « Mâtâme, fus etes pas pôlie tu tu ! » mais il referme la portière et les laisse partir. Cette grosse dame malpolie vient de sauver la mise de nos deux évadés.
Deux heures plus tard, ils arrivent à Romorantin.
Dans le même esprit d’une reprise des combats, le 33e régiment de mobiles de la Sarthe et le 75e mobile du Loir-et-Cher et du Maine-et-Loire, que nos deux compères souhaitent rejoindre, partent de Laval pour se rendre, par étape, à Châtellerault. Le soir de la première journée de marche, ils arrivent au monastère d’Entrammes, à vingt-huit km.
A Belfort, la journée est calme. Les canons du château se font entendre sur le soir.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 12 février 2021