Des élections générales ont lieu dans toute la France. Thiers est élu dans 29 départements, Gambetta dans 9, Garibaldi dans 4. Sont également élus deux des fils du roi Louis-Philippe, le prince de Joinville et le duc d’Aumale.
A Paris, l’ambulance du corps législatif est réouverte et le docteur Nélaton, chirurgien en chef, la prend en charge.
A Blois, les élections ont lieu dans la salle des Etats.
Les votes se font par canton, dans un complet désordre. Les urnes, au nombre de quatre, sont entourées par les électeurs. Tout le monde veut passer en même temps ; il n’y a aucune organisation, les présidents et assesseurs sont inexpérimentés. Les cartes d’électeur n’ont pas pu être distribuées. Néanmoins, MM Bozérian, Thiers, Ducoux, de Sers et Tassin sont nommés députés, MM Riffault et Boinvillilers viennent après. Le dépouillement va durer jusqu’au lendemain.
A Belfort, l’ennemi occupe les hautes et basses perches. Des nouvelles de l’extérieur parviennent enfin. Les belfortains apprennent l’organisation des élections dans toute la France, sauf à Belfort assiégée.
Des bombes à pétrole mettent le feu au Fourneau, dans plusieurs maisons.
En Suisse, tous les internés arrivés comme une invasion de malheureux sur les villages du Val-Travers et de la vallée des Dappes, sont arrivés à leurs lieux d’internement où ils sont lavés, habillés, de la tête aux pieds.
Le long de la route, déjà, ils ont trouvé tout ce qui leur faut pour braver le froid.
La Suisse n’a cessé, tout au long de la guerre, de venir en aide. Elle a dirigé des convois de vivres sur la région affamée de Montbéliard, expédié des secours aux Suisses enfermés dans Paris, entretenu des ambulances dans les deux camps, nourrit des milliers d’Alsaciens-Lorrains émigrés loin des combats.
Malheureusement, tous ces soins n’arrêtent pas l’hécatombe dans les rangs.
Les soldats qui ont tenu debout, malgré le froid, la faim et l’épuisement, s’étiolent soudain et meurent, comme si le combat seul leur donnait une raison de vivre.
Maintenant que la guerre est terminée pour eux, ce qui les maintenait debout a disparu. Les psychiatres d’aujourd’hui en donneraient les raisons scientifiques. Les médecins de l’époque sont totalement démunis. Choc post-traumatique, burn out, sont des mots d’aujourd’hui mais ces maux ont existé de tous temps.
Les hôpitaux suisses se retrouvent vite submergés par ces arrivants, qui amènent, en plus avec eux, le typhus et la variole.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 8 février 2021