A Janville, Julien de Saint-Venant est parti chercher des laisser-passer pour lui et ses quatre compagnons. Ils peuvent désormais quitter Janville. Si trouver un cheval est facile, il n’en est pas de même d’une voiture. Mais la nouvelle que la guerre est pratiquement finie ramène les habitants de Janville qui étaient partis. Les propriétaires de la maison ambulance de notre quatre officiers de la mobiles sont de retour. Ils ne sont que trop heureux de se débarrasser de leurs hôtes encombrant en leur prêtant leur propre calèche.
A Saint-Bohaire, malheureusement, la guerre n’est pas finie. Les paysans pensent que le droit prime sur la force et refusent de fournir des grains et fourrages aux allemands. Il semble même que des personnes non identifiées aient tiré sur les soldats, le 2 février. Vrai ou faux ?
Le lendemain, une compagnie d’infanterie se présente dans la commune. Le cantonnier, Pierre Grégoire Machefer, trente-cinq ans, est tué. La maison de Jean Braquet, le maréchal-ferrant et le château de M. Noël sont incendiés. Les habitants, poursuivis comme des animaux par les soldats, doivent fuir leurs maisons. Le même jour, dix-huit habitants de la commune, presque tous pères de famille, sont arrêtés, conduits à Blois, pieds nus et attachés les uns aux autres.
Pendant huit jours, ils vont être détenus à la mairie de Blois. Au bout de ce temps, quatorze vont être relâchés. Les quatre derniers, Jacques Picardeau, cultivateur, Rentien, débitant, Théodore Colas, cantonnier de l’état, et Jean Braquet, sont condamnés à la peine de mort par le conseil de guerre prussien siégeant à Blois.
Le comte de Salaberry, propriétaire du château de Fossé, limitrophe à la commune de Saint-Bohaire, va intercéder, à plusieurs reprises, pour leur survie. Le jugement de Blois va être révisé à Artenay et converti en dix ans de travaux forcés.
De Blois, les quatre hommes sont emmenés d’abord à Vouvray, où ils restent enfermés dans une cave, pendant deux jours, sans rien à manger. Puis, ils sont emmenés à Monnaie, Laferrière puis Château-Renault et enfin, ils arrivent à Herbault, épuisés. Le maire, M. de Rancougne, obtient qu’ils soient soignés. A Marchenoir, ils peuvent enfin manger, à leurs frais, puis ils continuent leur route par le hameau de Villemuzar, escortés par quatre soldats et un caporal. Arrivés à Beaugency, ils sont de nouveau enfermés, les mains liés et battus. M. de Salaberry les retrouve à la gare d’Orléans et réussit à leur donner de l’argent, pour leur triste voyage.
Arrivés à Corbeil, le gardien de la prison, M. Garnier, va prendre soin d’eux.
Et c’est le voyage vers l’Allemagne. Ils sont internés à Cologne où on les emploie aux forges à fabriquer des chaînes pour les animaux. Après dix-huit mois de captivité, l’empereur d’Allemagne va les gracier.
En réalité, ce sera moins de dix-huit mois de captivité, car ils sont recensés en juin 1872, dans la commune.
A Belfort, l’évacuation du matériel des Perches sur la ville a commencé. Plusieurs maisons s’effondrent sous les bombardements. Les allemands recommencent leur tir sur les Forges depuis le Salbert.
Au faubourg de Montbéliard, la maison Meigret est détruite par les obus.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 3 février 2021