A Paris, depuis la veille, la circulation des trains est rétablie sur tout le parcours du chemin de fer de la ceinture de Paris, rive gauche et rive droite, mais exclusivement consacrée aux vivres. Les parisiens sont libres de circuler et d’aller où ils le veulent.
A Janville, la nouvelle de la réédition de Paris et de l’armistice général de vingt-et-un jour parvient aux quatre compagnons de la garde mobile du Loir-et-Cher. Ils se méfient, après toutes les fausses nouvelles de victoire ou de défaite qui leur sont parvenues. Mais la nouvelle est cette fois confirmée. C’est une triste journée pour eux. Ils ont toujours cru pouvoir retourner au combat et refouler les prussiens hors des frontières françaises.
A Blois, M. Corbin, juge d’instruction, et Eugène Lemaignen sont conduits à Orléans à titre d’otages. M. Riffault, ancien maire, s’y trouve déjà pour défendre les intérêts de la ville. Le dégel est complet.
Armée de l’Est, les troupes françaises, harcelées par l’ennemi, continuent leur retraite vers la Suisse. Accrochages et combats continuent.
Antoine Delaët, franc-tireur du Doubs, est blessé par balle à l’épaule droite, à Villiers-le-sec.
A la frontière Suisse, toute la nuit, les soldats français arrivent. Les soldats suisses, placés auprès de la maison de la douane arrêtent chaque soldat pour qu’il jette ses armes et ses munitions. Seuls les officiers sont autorisés à conserver les leurs. Les troupes vont camper sur place, le temps qu’il leur soit fournie une destination. Mais ils ne sont pas abandonnés. Les suisses accourent en nombre pour soulager leur souffrance.
Les troupes de la 2e division ont bivouaqué auprès du village de Verrières-de-Joux. Elles attendent leur tour de passer la frontière. Il arrive à quatre heures du matin et les régiments, bien diminués en nombre de soldats, franchissent la ligne « salvatrice » en bon ordre. A huit heures du matin, toutes les troupes régulières sont en sécurité. Pour ces hommes, la guerre est finie. Mais pas pour les officiers. A leurs risques et périls, beaucoup retournent en France, profitant du désordre. Ils ne se sont pas encore engagés officiellement envers le gouvernement suisse. Un grand nombre va réussir à rejoindre Lyon. Certains vont traverser, dans la neige, les montagnes du Jura, pour y parvenir. Ils vont y rejoindre quelques régiments des corps les plus avancés au sud qui ont pu gagner Gex par la route de Mouthe, de la Chapelle-des-Bois et du fort des Rousses. Ils pensent pouvoir encore combattre.
A Belfort, la nuit a été relativement calme. Georges Foin, dit Chicot, cinquante-huit ans, ouvrier, est mortellement blessé devant la maison de M. Blaize. Il décèdera le lendemain, à trois heures de l’après-midi, à l’hôpital civil.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 2 février 2021