Siège de Paris : Les allemands prennent possession des forts et du matériel de guerre. L’armée, prisonnière, reste consignée dans Paris où les allemands n’entreront pas pendant la durée de l’armistice. L’évacuation des forts et la rentrée des troupes dans l’enceinte ont lieu le jour-même.
Le fort d’Issy a reçu, depuis le 5 janvier, 38 000 obus et bombes dont une grande partie pesaient plus de 10 kg. Les casernes n’existent plus. Il y a des brèches sur dix points de l’escarpe des bastions 1 et 2 devant Châtillon et Clamart. Des sacs de terre, par centaine de mille, ont été disposés pour consolider les casemates, et pour remplir ces sacs, les soldats, les mobiles et les artilleurs ont creusé leur sol jusqu’à trois mètres de profondeur. Traverses, poudrières, embrasures, travaux d’art, tout est détruit, défoncé. Les nombreux affûts brisés gisent au milieu du fort. La cour est littéralement pavée de fer, débris de destructions. Au fort d’Issy, dont la garnison était de 900 à 1 000 hommes, 130 ont été tués ou blessés pendant le bombardement.
Un décret du gouvernement de Paris convoque les électeurs pour le 8 février, à l’effet d’élire, au scrutin de liste par département, les 753 députés devant former l’assemblée nationale qui devra ratifier un possible traité de paix.
Armée de l’Est : des combats ont lieu à Nozeroy-les-Planches, dans les hautes vallées de l’Ain, entre les troupes du général Cremer et des fractions du 24e corps d’une part et les avant-gardes du IIe corps prussien. Les soldats souffrent atrocement du froid. Jean Barjetas, franc-tireur libre du Rhône doit subir la désarticulation de ses orteils gelés.
A l’ouest de Pontarlier, des combats ont lieu à Chaffois, entre la division Thornton du 20e corps et la 13e division du VIIe corps allemand. Les français se débandent et se laissent capturer : 1 500 hommes sont faits prisonniers.
Au nord-ouest de Pontarlier, à Sombacourt, un bataillon et un peloton hanovriens surprennent la première division du 15e corps, au cantonnement, à la tombée de la nuit. 3 000 hommes, avec les généraux Dastugue et Minot, ainsi que l’artillerie et le convoi sont capturés. Simon Charton, garde mobile de la Niièvre a l’avant-bras droit fracturé par un coup de feu. Il en restera paralysé.
A Bitche, les seules nouvelles de l’extérieur qui parviennent à la place forte, viennent de la presse belge. A Lemberg, la veuve Lutwiller reçoit l’Indépendance belge et le Journal de Genève. Tous les matins, un jeune garçon franchit les ravins et les bois, pendant neuf km pour aller chercher les journaux et les ramener à Bitche où ils sont lus, déchiffrés, analysés, donnant lieu à de nombreuses questions.
A Blois, l’annonce de l’armistice est arrivée dans la nuit. Les vainqueurs de la veille doivent abandonner le terrain conquis et s’éloignent de Blois, pour que les prussiens puissent y rentrer de nouveau. La défaite de la veille n’a pas été digérée par ces derniers qui se vengent, comme à leur habitude, sur les habitants. Plusieurs vont être blessés. La boulangère, Mme Boyer, voit sa boutique envahit au matin par des soldats en furie qui la maltraitent. L’ébéniste Foucault reçoit un coup de feu alors qu’il regagne son domicile. M. Souchet, accoudé à sa fenêtre, évite la balle d’un uhlan enragé. Sortir de chez soi est dangereux, même pour aller chercher des vivres. Des patrouilles allemandes parcourent la ville dans tous les sens.
A Janville, la porte de l’ambulance s’ouvre et le mobile Coutable entre. Il est méconnaissable, les yeux enfoncés et brillants de fièvre, la figure tuméfiée. Il s’est échappé de son ambulance pour rejoindre ses officiers. Il ne veut pas les quitter, il ne veut pas mourir tout seul. Raoul, son lieutenant, réussit à le faire retourner après s’être reposé, encouragé de promesses d’aller mieux. Mais la petite sœur leur avoue, après son départ, qu’il a le typhus.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 29 janvier 2021