• Description

Siège de Paris : L’ennemi démasque plusieurs batteries de gros calibre et ouvre le feu sur les forts de Noisy, de Rosny, de Nogent et sur les positions d’Avron. Depuis la veille, le général Vinoy n’avait conservé, sur le plateau d’Avron, que les bataillons de tranchées, abrités derrière les épaulements et dans les chemins couverts. La journée est très brumeuse, la neige tombe en flocons minces qui s’amoncellent sans fondre, sur la terre dure et gelée, rendue glissante. Un brouillard terne obscurcit les positions des deux adversaires, laissant à peine voir les grandes lignes. Les marins canonniers et les artilleurs français répondent aux coups de canons prussiens et tiennent leurs postes. Le combat d’artillerie va durer jusqu’à cinq heures.

Les troupes d’infanterie de marine perdent cinquante hommes : huit tués, quarante-deux blessés dont cinq officiers.

Un obus pénètre dans une maison d’Avron où sont rassemblés, pour déjeuner, les officiers du 6e bataillon de mobiles de la Seine. Plusieurs sont tués ou blessés.

Tous les jours, les ambulances de la société française de secours vont chercher les blessés, sous les forts.

Armée de la Loire : Le 27 au matin, la colonne du général de Jouffroy est sur la Braye, à Bessé et Lavenay. Il apprend alors que les prussiens menacent de brûler Sougé et Troo, pour se venger de la résistance des francs-tireurs. Le général décide donc d’emmener ses troupes pour les surprendre.

Arrivé à Fontaine, il partage sa troupe en trois colonnes : l’une, de deux bataillons, et d’une batterie d’artillerie, se rend directement aux Roches, l’autre composée d’un bataillon et d’une batterie, s’avance sur Troo, tandis que la troisième, forte de deux bataillons d’une batterie et de deux mitrailleuses, se porte sur Montoire.

27décembre

Cette troisième colonne est accueillie, au débouché de la petite vallée qui s’ouvre de Fontaine sur Montoire, par une forte colonne d’infanterie prussienne qui a établi son artillerie à Saint-Quentin. Pendant deux heures, malgré de lourdes pertes, les français vont résister. Pendant ce temps, la colonne envoyée sur Troo, menace le village et son artillerie prend à revers la batterie prussienne de Saint-Quentin. L’ennemi, surpris, se retire vers Montoire. Les trois bataillons du 70e mobile du Lot le poursuit, au pas de charge, ils traversent Montoire et le pont sur le Loir, rétablit par les prussiens, et les poursuivent, à la baïonnette, jusqu’à trois km du village, sur la route de Château-Renault. Ils leur prennent deux caissons, sept voitures et quelques prisonniers.

La colonne qui marche sur les Roches y surprend une compagnie prussienne tout entière, tandis qu’une reconnaissance de cavalerie jusqu’à Fortan en ramène un officier et dix hommes trouvés à Lunay en train de réquisitionner.

Les allemands évacuent Dijon à la nouvelle que Bourbaki marche vers l’Est. Werder rappelle autour de Vesoul, tous ses détachements épars.

A Janville, le capitaine de Maricourt n’a toujours aucune nouvelle de sa famille. A chaque visiteur et à chaque fois qu’un prisonnier s’évade, il leur confie deux lettres, l’une à sa femme, à Rouen et l’autre à sa mère, à Castres, sans succès.

Madame de Brisoult aura plus de chance. Sa lettre adressée à Castres arrivera à la mi-janvier. Mais sa femme n’aura des nouvelles de lui qu’en février et d’une manière étonnante.

Un officier prussien portant au cou une grande croix de Malte apporte, à la demande des sœurs, du sucre pour les tisanes et donne également neuf paquets de gros cigares, un par officier. Le lendemain, il revient, apportant deux gros pains de sucre et neuf paquets de tabac pour la pipe. Il s’installe auprès d’eux, raconte que les chevaliers de Saint-Jean suivent l’armée prussienne en campagne pour surveiller les ambulances.

De Maricourt lui parle alors de l’impossibilité d’envoyer une lettre à Rouen, occupée par les prussiens. Le chevalier lui propose alors de lui confier une lettre, ouverte évidemment, et, quatre jours plus tard, un cuirassier prussien remet la lettre à sa femme. Elle apprend ainsi que son mari est toujours vivant. Voulant rejoindre son mari, elle demandera, le lendemain, un laisser-passer pour venir à Janville, mais le commandant de la place le lui refusera, au nom de la confraternité militaire. Il est bien trop dangereux, pour une jeune femme, de traverser seule un pays occupé par de soldats pas toujours scrupuleux.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 27 décembre 2020