Armée de la Loire, le général de Chanzy forme deux colonnes mobiles, une, sous les ordres du général de Jouffroy, qui marche sur Château-Renault, pour couvrir le chemin de fer du Mans à Tours, déblayer la rive droite de la Loire, nettoyer le pays.
La seconde, sous les ordres du général Rousseau, marche par La Ferté-Bernard et Nogent-le-Rotrou, avec des ordres similaires.
A Janville, le père et la sœur de Raoul de Saint-Venant viennent lui rendre visite et lui donner des nouvelles de son frère, tombé lui aussi à Loigny. Fait prisonnier et évadé malgré deux blessures, il a réussi à rentrer chez lui. Les nouvelles du pays qu’ils amènent aux blessés ne sont pas bonnes. Ils repartiront le lendemain, pour ne pas laisser leur maison, envahie et transformée en ambulance.
Dans la Somme, en approchant d’Amiens par la rive gauche, Faidherbe apprend que Manteuffel accourt de Rouen avec le gros de son armée. Les grand’gardes du bois de Querrieux ont vu arriver d’importantes colonnes ennemies. La division du Bessol, du 22e corps, prend position, mais la division Moulac, du 23e corps ne peut pas être en place avant midi et demie.
Les obus prussiens tombent sur les troupes françaises dès onze heures du matin. Les troupes du 22e corps résistent à l’attaque. Mais les troupes prussiennes se succèdent à un rythme tel que les détachements français qui occupent les villages le long de la rivière Hallue doivent les abandonner. Vers trois heures, la bataille est à son comble, engagée sur une ligne de plus de douze km, de Daours à Contay. L’ennemi oppose quatre vingt pièces d’artillerie, placées sur les hauteurs de la rive droite.
A gauche, du côté de Daours, les marins de l’amiral Moulac tiennent bon, mais leur artillerie souffre des combats, et doivent être régulièrement retirées pour être remises en état, pendant les combats.
Au centre de la ligne, des nuées de prussiens sortent des villages de Querrieux et de Pont-Noyelles, essayant de gravir les pentes de la rive gauche. Ils ont presque réussi leur manœuvre lorsque une compagnie de mobiles de la Somme et de la Marne, sous les ordres du capitaine d’Hauterive les arrête, avec le soutien des réserves de la 2e division. Les prussiens entrent dans Pont-Noyelle où les obus français mettent le feu au village.
A droite, la division Derroja réussit à maintenir deux bataillons sur la rive droite de l’Hallue, empêchant les prussiens de s’étendre.
Vers quatre heures, les français tentent une attaque générale des positions prussiennes, mais la nuit tombe et le combat doit cesser avant d’avoir pu évoluer. Mais Pont-Noyelle et Daours sont repris par les français, ainsi que Bavelincourt. Ce dernier village sera le seul conservé par les français. Les allemands restés en grand nombre dans les maisons, aidés de forts détachements arrivés dans la nuit en silence, reprennent les villages, faisant quatre cents prisonniers.
Le résultat des combats est indécis. Les hommes bivouaquent mais la nuit est glaciale et les hommes sont mal équipés.
Les pertes françaises sont évaluées à 141 tués, dont cinq officiers et 905 blessés dont 45 officiers. Un millier d’hommes ont disparu au cours des combats.
Les blessés affluent en telle quantité dans Amiens, que la ville en est encombrée. Mais certains restent longtemps sur le champ de bataille avant d’être secourus.
Bertrand Baudhuit, vingt-quatre ans, natif de Plaintel, Côtes-d’Armor, caporal au 91e de ligne, a la jambe droite fracturée par un coup de feu à Pont-Noyelles. Il reste toute la nuit sur le champ de bataille avant d’être secouru. Son pied gauche et ses mains sont congelés par le froid. Il doit être amputé de la jambe droite et du pied gauche, et les doigts de ses deux mains restent déformées et atrophiées. Il n’est pas le seul soldat à souffrir de congélation sur le champ de bataille et de nombreux orteils seront amputés après des gelures.
Faidherbe se retire le lendemain au matin sous les places de la Scarpe, sans être poursuivi.
Les Allemands entament le siège de Péronne.
A Belfort, la canonnade reprend vers neuf heures du matin, sans s’arrêter, jusqu’à quatre heures. Les pièces du château répondent au feu de l’ennemi et un artilleur qui, en trois coups, a mis à mal trois canons allemands est mis à l’ordre du jour. Une sentinelle est tuée à la porte de Brisach.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 23 décembre 2020