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Siège de Paris :

Pendant la nuit, les saxons reviennent à la charge et reprennent Maison-Blanche et Ville-Evrard. Sept cents soldats français sont faits prisonniers.

Les blessés sont évacués sur Paris par la voie ferrée.

Armée de la Loire, autour du Mans :

Cette fois, toute la deuxième armée de la Loire occupe les positions assignées par le général de Chanzy.

Denis Erard, du 33e régiment de mobiles de la Sarthe a dormi dans son lit. De bonne heure, il va pour rejoindre son régiment ………….. mais ce dernier est déjà parti. Pas de problème, il doit se rendre à la butte aux fermes, à l’intersection du chemin aux bœufs et de la route de Parigné, à cinq km de là. Lorsqu’il y arrive, il y retrouve le reste du régiment.

22 décembre

 

Ils sont dans un état pitoyable et n’ont pas été autorisé à entrer dans le Mans. Ils ont établi leur bivouac au milieu des sapins. Epuisés, ils sont serrés les uns contre les autres, autour de nombreux feux de camp. Ceux-là n’ont pas eu le bonheur de revoir leur famille, de recevoir les soins des femmes du Mans. Cela fait onze jours qu’ils marchent, armée en retraite harcelée par les prussiens. Beaucoup manquent à l’appel, tombés malades ou faits prisonniers pendant la retraite, ou trainards n’ayant pas encore réussi à rejoindre le régiment.

Leur capitaine est de retour, M Legoult, après avoir été soigné, il reprend la tête de sa compagnie et veille à leur ravitaillement, sous forme de boîtes de conserves de bœuf, rations en abondance. Mais les nuits sont glaciales, sous la tente. Tout gèle : le vin dans les bidons, le pain dans les musettes. Pour se réchauffer, ils creusent des fossés en terre de près d’un mètre de profondeur, recouverts par les toiles de tente et de branchage. Le fond des fossés est garni d’aiguilles de sapin. Il y fait un peu moins froid, dans ces gourbis.

La neige recouvre tout. Les hôpitaux de la ville, les hôpitaux militaires et les ambulances privées sont encombrés de blessés et de fiévreux. La petite vérole fait des ravages. Les deux régiments de gendarmerie qui gardent la ville, ont un mal fou à en faire sortir les soldats sans autorisation. Les corps francs y arrivent de tous les côtés. Les rues sont envahies par les trainards et les fuyards, qui ne ressemblent plus à des soldats, leurs uniformes en lambeau. Beaucoup ont abandonné leurs armes et leurs sacs pour alléger leur marche. Il faut les regrouper et les renvoyer à leurs dépôts. Le général en chef fait de son mieux pour ravitailler sa pauvre armée. Vêtements et équipements sont distribués aux hommes. Bientôt, la deuxième armée de la Loire va enfin ressembler à une armée.

Ce 22 décembre, des nouvelles fraiches de Paris arrivent à Chanzy. Le capitaine de Boisdeffre vient d’arriver par le ballon le Lavoisier. Le rapport de Trochu est verbal et encourageant en ce qui concerne les troupes et les habitants. Il est, par contre, très mauvais en ce qui concerne la famine. Le froment commence à manquer et le pain est fabriqué avec un mélange de riz, de fécule et de farine d’avoine, dans le meilleur des cas. La seule viande qui reste est celle des chevaux, et pas tous les jours. Sur les marchés, on vend de la viande d’âne, de mulet, de rats, de chats et de chiens. Paris ne pourra pas tenir au-delà du 20 janvier. D’autant qu’une fois mangés tous les chevaux de la cavalerie et de l’artillerie, l’armée ne pourra plus faire de sortie et attaquer l’ennemi. Elle devra rester à l’abri des travaux de défense.

A Janville, après la mort de Charnod, à la demande de la religieuse qui les veille, les deux aides de camp trainent les lits de Raoul de Saint Venant et de Gaston de Brisoult, dans la chambre de Maricourt, pour qu’ils ne restent pas près du cadavre de leur ami.

De nouveau changement arrivent pour les blessés-prisonniers. La femme du colonel de Montlaur est venue chercher son mari. Vu son état, l’autorité prussienne l’a autorisée à partir. De Maricourt et lui ne se sont pas quittés depuis que, blessé, il est descendu de son cheval, le 2 décembre, à la bataille de Loigny. Ce départ est un déchirement pour les hommes.

Dans une chambre au-dessus, se trouvent deux frères, le capitaine adjudant major de Ferron, des zouaves pontificaux, et son frère Bertrand, simple zouave. Ils sont tous les deux blessés aux deux jambes.  M. de Charrette, qui a échappé aux chirurgiens, est soigné à Bazoche-les-Hautes et réclame son adjudant-major. Le capitaine de Ferron quitte donc l’ambulance de Janville en même temps que le colonel de Montlaur et que le cercueil du pauvre Charnod. Pratz, le vieux sous-lieutenant d’infanterie prend la place du capitaine auprès de son frère. Le capitaine de Maricourt et Raoul de Saint-Venant se retrouvent seuls dans leur grande chambre, au rez-de-chaussée. Alors ils y font installer leurs deux aides-de-camp moblots, Rossignol et Coutable.

A Belfort, la journée est calme. Les prussiens modifient la position de leurs batteries. Deux veilleurs de nuit sont blessés devant l’Hôtel du Tonneau d’Or, par un obus.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 22 décembre 2020