• Description

Jean Jahan naît le 5 juin 1849, à Santenay, dans le Loir-et-Cher. Il est le quatrième enfant, deuxième vivant, de Pierre Jahan, laboureur, et de Anne Avril. Tous les deux sont natifs d’Indre-et-Loire, mariés à Mesland, six ans plus tôt. Après lui viennent trois enfants, deux filles et un garçon. L’aîné, Louis François, troisième de la fratrie, est né le 27 décembre 1846.

Jean a les cheveux châtains, et les yeux gris. Il est journalier à Santenay lorsqu’il tire au sort avec sa classe, début 1870. Le conseil de révision du 16 juin l’exempt de service. Son frère aîné, Louis François, est déjà à l’armée. Il est donc versé dans la garde mobile, deuxième bataillon première compagnie, du 75e de marche, sous le matricule 691. Il arrive au corps le 17 août 1870.

Il fait campagne, dans l’armée de la Loire, et participe aux combats de Coulmiers, le 9 novembre, et Faverolles, le 1er décembre.

Le 2 décembre 1870, le jour commence par une fusillade. Pendant la nuit, alors que les français se reposent de leur victoire à Faverolles, le grand-duc de Mecklembourg a concentré son armée et une grande partie des bavarois de Von der Tann, soit près de 60 000 hommes, en face du 16e corps français.

Les hommes n’ont pas le temps de manger leur premier repas. Ils marchent au combat vers une plaine. A L’horizon, en face de Faverolles, dans la direction de Bazoches-les-Hautes, au sommet d’une colline, se trouve le château de Goury, avec un parc planté de grands arbres et entouré de murs. A gauche, en avant du château, se trouve le village de Loigny. Le terrain est totalement nu, à découvert. Quelques fermes isolées, châteaux et villages, coupent le paysage.

Loigny

Alors que le 75e mobile marche au combat, celui-ci a déjà commencé et tourne mal pour les français. Alors que les mobiles du Loir-et-Cher avancent, ils se retrouvent face à une cohue de fuyards. Impossible de les arrêter. Plus tôt, vers huit heures, la 2e division du 16e corps avait réussi à enlever Loigny. Mais, arrivé au château de Goury, l’artillerie prussienne les attendait et ce fut la débandade.

Mais le 75e mobile avance. Toute la journée, le village de Loigny va être l’objectif des deux armées et le centre de la bataille.

Le bataillon de Jean arrive à droite de la route de Faverolles. Ils atteignent Loigny au moment où les Bavarois s’apprêtent à s’en emparer, encore une fois. Les français réussissent un temps à repousser l’ennemi sur Goury, mais leur artillerie est en position et repousse les français. Pris à revers, ils doivent battre en retraite sur Loigny. Les obus arrivent si serrés que le sol tremble et détonne sous leurs pas. La terre, les pierres, les éclats de métal, tout vole et passe en hurlant, comme emporté par un fantastique ouragan (notes du baron de Maricourt).

Retirés sur Loigny, le bataillon de Jean tente de s’abriter dans le village. Mais, malgré la nuit qui arrive, l’ennemi attaque encore et le combat redevient furieux, sans pitié, sans merci. C’est une charge à la baïonnette.

Mais l’armée française est battue. La bataille aura duré de neuf heures du matin à six heures du soir. Une nuit glaciale tombe sur le champ de bataille où les morts et les blessés gisent sur le sol gelé. Bon nombre de blessés mourront congelés, sur place. Plus de quatre mille hommes sont hors de combat. La neige commence à tomber alors que le village est en feu.

Où est Jean ?

Quelque part, à un moment de cette furieuse mêlée infernale, Jean est grièvement blessé. Il a l’humérus droit fracturé par une balle.

Comme une grande partie des blessés, il est fait prisonnier. Il ne reverra la France que le 20 avril 1871 et est admis à l’hôtel-Dieu de Blois. Sa blessure s’est nécrosée et la cicatrice est adhérente, gênant les mouvements de son bras.

Le 6 juin 1871, l’intendant militaire, suite à une demande du préfet, donne des nouvelles de l’état de Jean. Il est en traitement à l’hôtel-Dieu. Son état s’est sensiblement amélioré, mais les médecins estiment que son séjour dans l’établissement est encore nécessaire pendant un mois. Ils jugeront, à cette échéance, s’il peut avoir droit à une pension ou une gratification renouvelable. Il dépendra, dans ce cas, pour la subsistance, du dépôt du régiment chargé d’instruire sa demande.

Le 15 juillet 1871, Jean est réformé par la commission départementale, avec gratification.

Le 25 juillet, il fait une demande de secours comme blessé de guerre. Sa blessure l’empêche de participer aux travaux de l’été et peut-être sera-t-il incapable, à l’avenir, de gagner sa vie.

Ses père et mère ont trois enfants à charge, sont indigents et infirmes et ne peuvent l’aider.

Quant à son frère, Louis François, qui se trouvait déjà à l’armée lorsque la guerre a éclaté, il a aussi été fait prisonnier. Il est resté en Prusse plus de six mois. Il a été fait prisonnier fin septembre début octobre. Pour en savoir plus, il faudrait accéder au registre de conscription, incommunicable cause COVID.

A partir de là, je perds la trace de Jean. Sa mère décède le 5 septembre 1871. En 1872, son père vit avec ces deux plus jeunes enfants.

Son frère, Louis François, se marie en 1876 à Mesland. Jean n’est témoin à aucun de ces actes.

Je ne le trouve ni dans les recensements, ni dans les mariages, ni dans les décès. Mais Filae bug aujourd’hui. Peut-être que je le trouverai demain. A moins qu’il ne soit parti dans un département qui n’est pas encore en ligne.

Il va falloir attendre la réouverture des archives pour en savoir plus.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 11 novembre 2020