• Description

Siège de Paris : La commune de Rueil est stratégique. Elle ferme et contrôle la gauche de la presqu’île de Gennevilliers. A droite se trouve le Mont Valérien. Les prussiens occupent tous les bois jusqu’à Saint-Germain et Versailles. Pour atteindre Rueil et la presqu’île, il faut passer par la Jonchère. C’est un petit hameau d’une vingtaine de maison, en haut d’une pente, sur un plateau. Côté Rueil, les pentes sont tapissées de vignes. De l’autre côté, se trouve une petite vallée assez profonde, Hudré.

21octobre-Paris

En arrière, sur la gauche, sont les bois de Cucufa, ravinés, accidentés, coupés d’eaux vives et compliqué pour une opération militaire. A l’extrême gauche se trouve le château de Buzenval. A droite, la Malmaison est au pied de la Jonchère, à la lisière des bois. C’est un joli paysage bucolique qui va se transformer en enfer, ce 21 octobre 1870.

Les troupes françaises se présentent en trois groupes. Celui du général Berthaud, 3 400 hommes d’infanterie, 20 bouches à feu, 1 escadron de cavalerie, doit opérer entre le chemin de fer de Saint-Germain et la partie supérieure du village de Rueil.

Le deuxième, du général Noël, 1 350 hommes d’infanterie, 10 bouches à feu, doit opérer sur la côte sud du parc de la Malmaison et dans le ravin qui descend de l’étang de Saint-Cucufa à Bougival.

Le troisième du colonel Cholletou, 1 600 hommes d’infanterie, 18 bouches à feu et un escadron de cavalerie, doit prendre position en avant de l’ancien moulin, au-dessus de Rueil, pour relier et soutenir les colonnes de gauche et de droite. Plus de 5 000 hommes de46 bouches à feu sont en réserve.

A une heure, toutes les troupes sont en position et l’artillerie ouvre le feu sur toute la ligne, un demi-cercle qui va de la Station de Rueil à la ferme de la Fouilleuse.

Pendant trois-quarts d’heure, l’artillerie française va pilonner Buzenval, la Malmaison, la Jonchère et Bougival, couvrant l’avancée des tirailleurs qui s’approchent de leurs objectifs, la Malmaison et Buzenval. Au signal, l’artillerie cesse le feu et les troupes s’élancent. Elles arrivent au ravin qui descend de l’étang de Saint-Cucufa au chemin de fer, contournent la Malmaison, traversent le ravin et gravissent les pentes de la Jonchère, pour la colonne de gauche. Arrivés là, ils se retrouvent stoppés par un violent tir de mousqueterie. Les prussiens sont embusqués dans les bois et les maisons et les tirs d’artillerie ne les ont pas atteints. Quatre compagnies de zouaves se retrouvent acculées dans l’angle que forme le parc de la Malmaison, au-dessous de la Jonchère. Le bataillon de la Seine-et-Marne réussit à les dégager et ils se portent sur les pentes qui dominent Saint Cucufa. Leur feu violent réussit à faire reculer l’ennemi et les zouaves entrent dans le parc.

Les francs-tireurs de la deuxième division, de la colonne Cholletou, se précipitent sur Buzenval, y entrent et se dirigent vers le bord du ravin de Saint-Cucufa.

Vers cinq heures du soir, le nuit arrive. Les tirs cessent des deux côtés et les troupes reçoivent l’ordre de rentrer dans leurs cantonnements.

L’objectif a été atteint. Les premières positions ennemies ont été enlevées et il a été obligé de mettre en jeu ses troupes, éprouvant de lourdes pertes.

Un deuxième objectif a été atteint : les hommes se sont bien battus, d’un seul homme. Ils se sont aguerris et forment une vraie armée : zouaves, gardes mobiles, infanterie de ligne, tirailleurs Dumas, Francs-tireurs des Ternes, de Paris.

Les pertes françaises s’élèvent à trente-quatre morts, deux cent quarante cinq blessés et cent soixante-quatre disparus. Trente-trois officiers sont hors de combat. Neuf sont tués dans la bataille et deux décèdent les jours qui suivent.

Huit ambulances de la société française de secours sortent de Paris pour recueillir et ramener les blessés

  • Clément Mathieu Daumont, vingt ans, nafi de l’Isle sous Serein, Yonne, soldat au 36e de ligne, doit subir une résection de l’humérus, après fracture par coup de feu.
  • Paul Victor Duthois, 2e zouaves, est amputé de deux doigts après une fracture de la main droite par coup de feu.
  • Claude Julien Penhoet, trente-deux ans, lieutenant aux garde mobiles du Morbihan, natif de Vannes, doit subir une résection du coude gauche, après fracture par coup de feu.
  • Edmond François Vernatier, vingt-un ans, natif de Saint-Pierre-lès-Nemours, garde mobile de Seine-et-Marne, est amputé de la cuisse après fracture du genou droit par coup de feu.
  • Alexandre Gabriel Aubry, vingt-deux ans, natif de Montrichard, Loir-et-Cher, caporal fourrier au 3e zouaves, a le fémur droit fracturé par coup de feu.

Mais le combat de Rueil n’est pas le seul du siège de Paris, ce jour-là. Aux avant-postes de Champigny, deux officiers sont blessés. A la défense du Moulin-Cachan, un officier est blessé. Devant Maison-Alfort, un officier est tué. L’ennemi fait sauter le pont du chemin de fer d’Argenteuil.

Le soir, des incendies éclatent à Chevilly, l’Hay et Bourg-la-Reine.

Un engagement a lieu à Grandpuits en Seine-et-Marne. Dans la garde nationale sédentaire, le capitaine Monpoix est tué, le lieutenant Schneit, est blessé. Ils sont de la garde nationale de Montereau. A la compagnie de Marche d’Auxerre, le sous-lieutenant LE Remacle est blessé.

En Eure-et-Loir aussi, des combats ont lieu, et Chartres tombe. A Dreux, le capitaine adjudant major GCLM de Chivrée, du 30e régiment provisoire, mobiles de la Manche, est blessé. Il décèdera le 25 décembre. Dans les combats devant Chartres, aux volontaires d’Eure-et-Loir, le capitaine Benet et le sous-lieutenant JG Scholer sont blessés.

Aux combats devant Luisant et Jouy, le capitaine AMAJ Pébernat, du 74e, mobiles de Lot-et-Garonne et Sarthe, est blessé. Le lieutenant PAM Glin Hochereau, de la garde nationale de Jouy, pris les armes à la main, est fusillé.

A l’Est, le général Cambriels, de l’armée des Vosges, résiste à l’avancée prussienne au combat d’Etuz et à Cussey-sur-Oignon, les 21 et 23 octobre. Grâce au 2e régiment de zouaves, il réussit à repousser l’ennemi. Sept officiers sont blessés.

A Schelestadt, les bombardements continuent. Les casernes sont en feu et les soldats obligés d’emménager dans les abris blindés, au pied des remparts.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 21 octobre 2020