A Paris, armistice de onze heures à cinq heures du soir, en avant des forts du sud, pour enterrer les morts après les combats de la veille.
Des reconnaissances sont faites à Créteil, où des chargements de blés, avoines et pailles, restés dans les fermes inoccupées, sont récupérés et acheminés jusqu’à Paris.
Soultz est attaqué, après un engagement sérieux, l’ennemi se retire.
La Côte-d’Or est déclarée en état de guerre.
Belfort : Garibaldi arrive à Belfort et part le même jour pour Dôle.
A Metz, un violent orage déferle sur la ville. La mortalité dans les ambulances atteint cinquante à soixante décès par jour.
A Verdun, les bombardements continuent. Les capitaines François Marie Lorgeré, trente-neuf ans, natif de Saint-Agathon, et Alfred Louis Bergère, du 4e régiment d’artillerie, sont blessés. Le premier est atteint par un éclat d’obus à l’épaule. Le lieutenant AR D’Audignac, de l’artillerie de marine, évadé de Sedan, est tué. Jules Ribeaucoup, 15e artillerie, est blessé à la main et au pied gauche par éclats d’obus. Alphonse Aristide Thouret, 80e de lige, perd la vision de son œil, par éclats d’obus.
Les prussiens entrent à Vesoul. Ils sont maîtres des Vosges et poursuivent leur route vers les vallées du Doubs et de la Saône.
A Charmes-sur-Moselle, un détachement allemand venu d’Epinal arrive le 12. Il escorte un convoi de quatre-vingts gardes mobiles faits prisonniers dans les Vosges. Le 14, un coup de feu éclate et blesse un hussard. Qui a tiré ? Nul ne le sait, mais les représailles sont immédiates. Après une fusillade générale dans les rues, les habitants sont contraints à rentrer chez eux et laisser la lumière toute la nuit. Oscar Mariotte, le pharmacien, en voulant prévenir son voisin, est arrêté par une patrouille et tué à coup de baïonnette. Son magasin est pillé et saccagé. M. Barbier, malade, est arraché de son lit et trainé jusqu’à la mairie où il est retenu prisonnier. Sa maison est pillée, et incendiée. Le maire de Charmes, M. Claude et des notables sont également arrêtés et conduits à l’hôtel de ville. Il faut attendre le 16 pour qu’un juge auditeur du tribunal prussien viennent faire son enquête. Enquête bâclée. Des maisons sont désignées au hasard et incendiées. 100 000 francs de contributions sont exigées à la commune. Une fois la somme payée, les prisonniers sont relâchés.
En Normandie, à Vernon, le pont saute. L’ouvrage d’art de plus d’un million de francs est pulvérisé par trois cents kg de poudre explosive. Les piles restent seules au milieu du cours d’eau, privées du tablier et des parapets qui disparaissent au fond de l’eau.
Dans la matinée, deux escadrons du 1er uhlans de la garde, suivis d’un détachement d’infanterie, part de Gisors en direction d’Etrépagny. Arrivés là, ils se séparent en deux groupes. L’infanterie va détruire le chemin de fer de Pont-de-l’Arche pendant que la cavalerie, en couverture, s’avance jusqu’à Ecouis. Un détachement du 3e hussard français s’y trouve. Il tente, dans un premier temps, de résister, mais il est débordé par la droite et doit battre en retraite, vers Grainville. Une douzaine de cavaliers, sous les ordres du sous-lieutenant Arthur Beuve, trente-trois ans, envoyés en reconnaissance sur la route de Magny, se retrouve piégée à la Folie, près de la ferme de Brémulle. A la tête de son peloton, le sous-lieutenant Beuve fonce, sabre au poing, sur la cavalerie ennemie. Ils se font littéralement massacrés. Le sous-lieutenant et un soldat sont laissés pour morts. Grièvement blessés, Arthur a reçu deux coups de sabre à la tête et sept coups de lance, ils réussissent à se traîner jusqu’à la ferme de Brémulle où on leur porte les premiers soins, avant de les transporter au camp de Grainville.
Plusieurs blessés ont été transportés au poste d’Ecouis, transformé, pour l’occasion, en ambulance.
A Soissons, les prussiens ne réussissent pas à prendre possession de la ville. Toute la nuit, les artilleurs français, qui n’ont pris aucun repos depuis deux jours, mettent en état leurs pièces, pour une nouvelle journée de pilonnage. De temps à autre, ils ripostent aux tirs prussiens, dans la nuit. A six heures du matin, heure prussienne de déclenchement des hostilités, la canonnade reprend. L’un des meilleurs pointeurs français, Ignace Reinbolt, quarante-trois ans, natif de Schwabriller, Bas-Rhin, du 10e artillerie, a le bas gauche fracturé par un éclat d’obus. Il doit être amputé du bras. Ses trois autres membres sont atteints, mais il guérira de ses blessures. En ce troisième jour de bombardement, de nombreux militaires et civils sont atteints. Les éclats d’obus font des ravages, chez les artilleurs, principalement, leurs batteries étant visées par les tirs prussiens. Le maréchal des logis chef Wicart, des mobiles du Nord, est tué au moment où il pointe sa pièce. L’artillerie prussienne bombarde également à outrance le nord de la ville, tout en continuant à détruire les quartiers déjà touchés. Ils pilonnent également le mur de l’escarpe qui s’écroule en partie. Vers cinq heures du soir, le clocher de la chapelle du pensionnat de la Croix, qui brûle depuis deux heures, s’effondre. L’hôtel-Dieu n’est pas épargné. Des débris tombent sur les malades et les blessés. Ignace Reinbolt manque d’être écrasé dans son lit par une énorme pierre qui tombe juste à côté.
Devant l’effondrement du parapet et le risque d’une attaque, le commandant de la place demande l’assistance de l’infanterie, mais ses deux chefs refusent. L’un se dit trop malade et l’autre n’a pas confiance en ses hommes. Seule l’artillerie est là pour défendre Soissons. La ville et ses citoyens n’en peuvent plus. Ils supplient le colonel de la Noue, de mettre fin au martyr de leur cité. Pendant la nuit, comme les autres nuits, les artilleurs réparent leurs pièces. Le commandant Roques-Salvaza envoie trente sapeurs du génie pour tenter de réparer la brèche. Sous la direction du lieutnant Caron, ils abattent les ormes en bordure le long du chemin de ronde, les apportent garnis de leurs branchages, au-dessus de l’escarpe. Leur présence, si elle ne répare pas la brèche, rend son escalade difficile. Des fascines goudronnées, prêtes à être enflammées, sont jetées au fond du fossé. Des grenades préparées sont disposées en grand nombre derrière le parapet. Ce n’est toujours pas une nuit de repos. Le contingent des troupes d’infanterie de garde au front d’attaque est renforcé. Ils sont prêts à recevoir l’ennemi s’il se présente.
Le lieutenant Wolff, des mobiles de l’Aisne, est blessé dans la nuit du 13 au 14.
Parmi les blessés de Soissons :
- Ignace Reinbolt, quarante-trois ans, natif de Schwabriller, Bas-Rhin, 10e artillerie, doit être amputé du bras gauche, fracturé par un éclat d’obus.
- Jean Bapstie Driesbach, 8e artillerie, reçoit des éclats d’obus qui le blessent à la hanche et au bras droit.
- Alphonse Lepage, vingt-et-un ans, natif de Saint-Aignan, Aisne, 1er train d’artillerie, reste paralysé du pied après une plaie par éclat d’obus au genou gauche.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 14 octobre 2020