A Paris, le général Vinoy qui commande le 13e corps prépare une reconnaissance de grande envergure sur Bagneux et Châtillon. Dès six heures du matin, il est au fort de Montrouge. Ses ordres ont été donnés dans la nuit, et, à neuf heures, toutes les troupes ont rejoint les postes qui leur ont été assignés.
Deux coups de canon, tirées depuis le fort de Montrouge, donne l’ordre de marche. L’objectif est de s’emparer de Clamart, surveiller Meudon et placer des avant-postes jusqu’au plateau de Châtillon.
Deux bataillons du 13e de marche et cinq cents gardiens de la paix s’emparent de Clamart et y restent, mais ils ne peuvent pousser leur avancer. Les prussiens sont en nombre près du plateau de Châtillon.
Le général Susbielle, avec le 14e de marche, un bataillon du 13e, et cinq cents gardiens de la paix, attaque Châtillon. Son artillerie de campagne et les artilleries des forts d’Issy et de Vanves soutiennent l’action. Mais les prussiens se sont préparés. Les murs des maisons ont été crénelés et des barricades installées les arrêtent dès l’entrée du village. Les français doivent se battre, maison après maison. Le général est blessé à la jambe par une balle, mais la blessure légère ne l’empêche pas de commander sa brigade, toujours à cheval.
Pendant ces actions, les mobiles de la Côte-d’Or et les mobiles de l’Aube, sous les ordres du lieutenant de Grancey, s’emparent de Bagneux. Le commandant de Dampierre, chef du bataillon de l’Aube, est tué pendant le combat.
Chargés d’aborder Châtillon de front et d’occuper Fontenay, pour surveiller la route de Sceaux, le 35e de ligne et un bataillon de la Côte-d’Or, sous les ordres du colonel de la Mariouse, est arrêté par la mousqueterie et l’artillerie prussienne, alors qu’ils tentent de se frayer un chemin entre Bagneux et Châtillon. Ils doivent se battre, de maison en maison pour parvenir au cœur du village.
La brigade Dumoulin, en position à la grange Ory, se porte en avant pour soutenir les mouvements du colonel de la Mariouse et occupe le bas de Bagneux, pendant que le 35e atteint le centre pour forcer la position de Châtillon.
La brigade de la Charrière doit se porter sur la route de Bourg-la-Reine et contenir l’ennemi qui en viendrait, pour l’empêcher de contourner les troupes françaises. Son artillerie arrête le feu d’une batterie prussienne postée à l’extrémité de Bagneux.
Après cinq heures de combat, les troupes françaises se retirent, dans l’ordre. L’objectif est atteint : les prussiens ont été obligés de montrer leurs forces et subi de lourdes pertes.
Côté français, une trentaine d’homme a été tué et une centaine blessée. A la demande des Prussiens, un armistice est établi pour relever les morts, le lendemain, entre onze heures et cinq heures.
Quelques blessés des combats de Châtillon :
- François Maurice Bertin, sergent-fourrier au 13e de ligne, plaie contuse au pied droit par éclat d’obus, à Châtillon.
- François Auguste Bize, vingt-et-un ans, natif de Perpignan, sergent au 14e de ligne, fracture de l’astragale du pied droit par coup de feu, à Châtillon.
- Henri Jean Bourdet, soldat au 42e de ligne, fracture de l’humérus gauche et du bord externe de l’omoplate, par coup de feu. Il en garde une paralysie partielle du bras, à Châtillon.
- Louis Nicolas Bouvier, garde mobile de la Côte-d’Or, plaie contuse à la cuisse droite par coup de feu à Bagneux.
- Henri Chabaut, solda tau 14e de ligne, fracture de la main droite par coup de feu, à Châtillon.
- Charles Denis, du 6e artillerie, plaies contuses au genou droit à la jambe gauche, fracture des 3e et 4e métatarsiens, par éclats d’obus et de pierres, à Châtillon.
- Joseph Desnier, soldat au 21e chasseurs à pied, plaie contuse à la cuisse droite par coup de feu à Châtillon.
- Pierre Dupuy, soldat au 35e de ligne, plaie à travers la bouche, dans la direction de la colonne vertébrale, fracture du maxillaire inférieur droit, à Bagneux. La balle n’est pas extraite et il reste paralysé du bras gauche.
- Jean Marie Gilbert, soldat au 13e de ligne, atteint de quatre balles, à la poitrine, au bras, à l’avant-bras et à la cuisse gauche.
A Metz, des rumeurs de capitulation circulent, à la colère des habitants. Il est hors de question que Metz cède sans se battre. Un armistice est demandé pour enterrer les morts du 7.
A Verdun, le secteur était relativement calme, jusqu’au 11 octobre. Dans la soirée, des colonnes importantes de cavalerie et d’infanterie attaquent les avant-postes des villages de Belleville, Thierville et Regret. Les soldats français qui gardaient les lieux se réfugient dans la place forte. Le siège commence. Le soir du 12, de nombreux coups de feu sont échangés entre les prussiens et les sentinelles des remparts. L’alarme est donnée, mais l’artillerie prussienne n’est pas encore prête. C’est chose faite le 13 au matin.
A l’aube du 13 octobre 1870, une fusée est tirée depuis le sommet de la côte Saint-Michel, donnant l’ordre de tir à toute la ligne prussienne. Une bordée terrifiante de bruit, de fumée et de métal est tirée sur la ville, prélude à un déluge de feu qui va durer cinquante-six heures consécutives. Le deuxième bombardement de Verdun vient de commencer.
Une pluie d’obus et de bombes s’abat sur la place forte, surprenant une grande partie de la population en plein sommeil. Les artilleurs français de garde se précipitent sur leurs pièces pour riposter, rejoints sur les remparts par tous les artilleurs de la garnison, gardes nationaux, mobiles et de ligne mêlés. La compagnie des sapeurs-pompiers, rassemblée sur la place Sainte-Croix, court à son propre poste de combat : éteindre les incendies qui éclatent dans toute la ville. Tous les autres militaires, cavaliers et fantassins, inutiles dans ce combat d’artillerie, se mettent au service des habitants, pour leur porter secours.
La vieille caserne Saint-Vannes, vestige de l’abbaye du Xe siècle, est criblée de bombes et de boulets de canon. Le feu l’embrase rapidement. Deux soldats du 57e ne réussissent pas à s’enfuir à temps. Leurs restes calcinés seront retrouvés le lendemain.
Les bombes font leur œuvre de destruction, sur les bâtiments militaires, sur l’évêché, transformé en ambulance, la cathédrale, le grand-séminaire, le quartier de la Madelaine, et divers lieux de la ville haute. La ville basse n’est pas épargnée. La caserne Saint Paul, le palais de justice, la sous-préfecture, le collège et son église, les rues Chaussées, Saint Pierre et le bout de la rue Mazel, la rue des Capucins, la maison de Saint Maur sont atteints.
Outre les deux militaires morts à la caserne Saint-Vannes, neuf soldats sont tués et vingt-trois blessés, sur les remparts et dans la citadelle. Les blessés sont transportés à l’ambulance provisoire de la Citadelle, sous la direction du docteur Robin. Ils y reçoivent les premiers soins. Puis, quand les tirs prussiens ralentissent, ils sont transportés dans les ambulances de l’évêché, du petit-séminaire, ou à l’hôpital Saint-Nicolas. Cette ambulance provisoire n’est pas sûre. Plusieurs obus et bombes tombent dessus, creusant des trous énormes dans le sol, que les soldats s’empressent de combler.
A la nuit tombée, les artilleurs français ne pouvant plus pointer correctement leurs pièces, cessent leurs tirs. Les prussiens ralentissent les leurs, et toutes les cinq à six minutes, un obus s’abat sur la ville. Les incendies leurs servent de repère dans la nuit. En cherchant à éteindre l’un d’eux, le commandant du génie, M. Boulangé est atteint à la tête par un éclat d’obus.
Quelques blessés à Verdun :
- Maximilien Victor Galibourg, soldat au 14e de ligne, fracture de la main gauche par coup de feu.
- Alexis Girard, soldat au 27e de ligne, fracture du maxillaire inférieur par éclat d’obus.
- Pierre Peillon, soldat au 14e de ligne, plaie à la région pubienne avec perte du testicule gauche et d’une partie du pénis, par coup de feu.
- Martin Pompidou, vingt-cinq ans, natif de Cahuzac, Lot-et-Garonne, plaie à travers la main droite par coup de feu, à Thierville.
- François Victor Reynaud, 2e train d’artillerie, plaie contuse à la cuisse gauche par éclat d’obus.
A Soissons, six heures du matin, comme la veille, le feu infernal des prussiens recommence. La canonnade est encore plus violente que la veille. Les pièces ont été réparées, les tirs ajustés. C’est un roulement continue de détonations. Le sol tremble, l’air empeste la poudre.
Vers dix heures, un obus tombe sur la crête intérieure du parapet de la courtine 3-4. Le capitaine Roman Alfred de Monery, le maréchal-des-logis Moulin et huit servants sont là, prenant un peu de repos. Le malheureux Moulin est littéralement coupé en deux, l’un des servants, Schneider, a une partie de la tête emportée. Le capitaine de Monery est blessé à la face et à la poitrine. Trois aux servants sont blessés. Les morts sont évacués, les blessés transportés temporairement à la poudrière, où ils échappent de peu à la mort, lorsqu’un obus la traverse en passant vingt centimètres au-dessus des tonneaux de poudre.
Au même moment, un obus tombe devant l’Hôtel du Soleil d’Or rue Saint Martin, et blesse le brigadier trompette des mobiles du nord, jeune musicien de talent lauréat du conservatoire. Un autre s’abat rue des Minimes, sur l’hôtel du comte de Blavette et tue Victoria Levêque, vingt-quatre ans, sous les yeux de leur mère.
La petite caserne, qui sert d’ambulance, cible des obus, est en feu. Les sœurs de la charité et un prêtre réussissent à sauver les cent cinquante blessés et malades qui sont transportés à l’Hôtel-Dieu et à Saint-Léger. La ville brûle. Les pompiers luttent sans relâche à tenter d’éteindre les incendies, sous les pluies d’obus qui tombent sur la ville. De nombreux habitants les aides. Certains feux sont éteints, d’autres détruisent irrémédiablement les maisons. Soldats et civils sont héroïques dans ce déluge de feu.
Le maréchal des logis Herbert, du 8e d’artillerie doit assurer l’approvisionnement des batteries. Seul, avec un mauvais chariot et un attelage improvisé, il va aller de l’arsenal aux remparts, et vice versa, distribuer les projectiles, sous la pluie d’obus que les prussiens lancent sans arrêt.
A deux heures de l’après-midi, les prussiens cessent leur tire et envoient un parlementaire, pour sommer la ville de se rendre. Pour la quatrième fois, le colonel de Noue, refuse. Le parlementaire ressort, abaisse son fanion de parlementaire, l’artillerie prussienne recommence ses tirs, jusqu’à la nuit.
Vers six heures, l’hôpital qui abrite trois cents personnes, vieillards, femmes et enfants, est la proie des flammes. Le commandant de la place, le commandant d’artillerie, beaucoup d’officiers de la garnison, la municipalité, les sapeurs-pompiers, les détachements de la garnison et beaucoup de citoyens accourent pour arracher les vieillards et les enfants en bas-âges des flammes qui embrasent le bâtiment. Le sauvetage est périlleux. Les enfants courent en chemise et pieds nus, affolés, les vieillards grabataires, incapables de bouger, voient les flammes les cerner. Les religieuses tentent d’organiser le sauvetage. Vingt fois le maréchal-des-logis Herbert pénètre dans l’hôpital en feu et en ressort un pensionnaire infirme sur le dos. Grace au dévouement de tous, une seule mort sera à déplorer, celle d’une vieille femme, Félicité Dudon, soixante-dix-huit ans, tuée par un éclat d’obus.
Pendant toute la durée de l’évacuation, les tirs prussiens n’ont pas cessé sur les bâtiments en feu, blessant grièvement plusieurs les sauveteurs.
En deux jours, 4865 projectiles tombent sur Soissons. Une vingtaine de soldats français sont tués ou blessés. Les inhumations qui avaient lieu, jusque-là, dans le jardin de l’hôpital, sont suspendues. Une charrette chargée de sept cercueils va rester dans la rue, pendant deux jours avant d’être amenée dans les fossés où vont être provisoirement enterrés les morts.
Quelques blessés de Soissons :
- Isidore Théophile Baraquin vingt-et-un ans, natif de Guny, 8e artillerie des mobiles de l’Aisne, fracture comminutive de l’avant-bras droit, par coup de feu.
- Nicolas Eugène Debar, soldat au 15e de ligne, plaie contuse à la jambe par éclat d’obus.
- Charles Paltz, soldat au 15e de ligne, plaie contuse à la cuisse gauche par éclat d’obus.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 13 octobre 2020