l’investissement de Paris est complet.
La veille au soir, à partir de dix heures, le corps du général Ducrot bouge. Les troupes sont massées aux alentours de Châtillon. Elles s’installent sur les hauteurs, en avant du fort de Montrouge. Dans la nuit, elles font mouvement à cinq ou six kilomètres au-delà de Châtillon, sur une ligne qui va de Bagneux à Clamart. Les prussiens sont tout près, embusqués dans les bois qui font face.
Vers cinq heures du matin, le 19 septembre 1870, les tirailleurs s’engagent. Deux heures plus tard, l’artillerie, qui a pris position, tire en direction des bois. Une demi-heure plus tard, l’artillerie ennemie répond.
Plusieurs détachements tentent une marche en avant. Les cuirassiers se heurtent à une forte troupe et subissent de lourdes pertes. Les troupes, en avant, se trouvent à bout portant des prussiens qui sont protégés par les bois.
La fusillade est intense et le chaos s’installe. Un bataillon de mobile de la Seine, croyant tirer sur les prussiens, ouvre le feu sur le 16e de ligne, en tirailleur dans les bois.
Les prussiens réussissent à s’emparer d’une hauteur qui domine le plateau où se trouve l’infanterie française et, dès son artillerie installée, font pleuvoir des boulets et des obus sur eux. A neuf heures, la première ligne française recule, puis la seconde. Elles se réfugient sous le feu des forts de Montrouge et Vanves. Neuf batteries françaises réussissent à remonter la côte de Châtillon et à se réinstaller sur le plateau pour pilonner les prussiens, mais ces derniers les contournent et, sans infanterie pour protéger les pièces d’artillerie, les français doivent encore une fois reculer. Ils doivent abandonner la redoute de Châtillon, le moulin de la Tour.
Les soldats ne sont pas aguerris au combat. Certains s’enfuient, terrifiés par les combats, et rentrent dans Paris où ils sont arrêtés et conduits à la prison militaire. Ils n’ont même pas tiré un coup de fusil, leurs cartouchières sont intactes. Mais tous ne se sont pas conduits de la même façon. Les mobiles bretons du général Ducrot se sont jetés dans la bataille, baïonnette en avant.
L’ennemi occupe Bondy.
Dans la journée, des combats ont lieu devant le Moulin-Saquet, à Bougival, Rueil, Villacoublay, Sèvres, Meudon, Petit-Bicêtre, Plessis-Piquet, Sceaux, Bourg-la-Reine, Villejuif, Vitry, Créteil, Chevilly, Bry-sur-Marne, Labarre, Pierrefitte, Saint-Denis, Châtillon.
Ce 19 septembre, les pertes françaises s’élèvent à 469 français, dont 97 tués. Les prussiens ont des pertes similaires.
A Châtillon, Louis Ferdinand Brajon, du 4e zouaves, est blessé à la main droite par coup de feu. Jules Milhau, du 119e de ligne reçoit un éclat d’obus à la jambe droite. Guillaume Tassin, du même régiment, est blessé par balle au creux du genou. Pierre Taurisson, du 19e, perd une partie de l’usage de sa main droite, par coup de feu. Alexandre Chambon, du 2e zouaves, est blessé par balle dans la région iliaque droite. Baptiste Le Chevalier, natif de Ferrière-aux-Etangs, du 119e, perd l’usage de l’œil gauche par coup de feu. Et la liste des blessés continue de s’allonger.
La bataille de Paris a commencé, mal commencé.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 19 septembre 2020