Le 18 août 1870, à 11 heures du matin, débute la bataille de Saint-Privat-la-Montagne ou d’Amanvillers, bataille que les prussiens vont appeler la bataille de Gravelotte. Et là encore, cela va tomber. 12 275 français et 19 768 allemands vont tomber. Du côté français, 8 généraux de brigade vont être blessés, ainsi que 388 autres officiers, et 88 officiers vont être tués, avec 1056 soldats. 6 315 hommes de troupe seront blessés, et 4 420 officiers et soldats vont être portés disparus.
Les deux ambulances militaires du 6e corps, établies à Saint-Privat, et deux du 2e corps, établies à Rezonville, vont être capturées par l’ennemi, en totale contradiction avec la convention de Genève, et il faudra attendre dix jours avant que tous les personnels ne soient libérés. Les médecins durent passer par la Belgique pour pouvoir rejoindre les lignes françaises.
Cette bataille voit également apparaître l’utilisation, du côté prussien, de balles explosives. L’examen des blessures qu’elles ont occasionné à plusieurs soldats ne fait aucun doute.
De 11 heures du matin à 8 heures et demie du soir, les deux armées vont s’affronter, aux portes de Metz. L’action, s’engage sur les hauteurs de Saint-Privat, d’Amanvillers et de Sainte-Marie-aux-Chênes.
Au 95e de ligne, le docteur Coste et son ambulance se trouve à hauteur du bois des Genivaux lorsque les combats commencent. Vers
midi, les blessés ont été nombreux à arriver jusqu’à eux. L’ambulance bouge jusqu’à Châtel-Saint-Germain.
Vers 4 heures, le bois est envahi par les prussiens et l’ambulance doit se retirer sur la ferme de Leipsick, qui devient vite une cible pour l’artillerie ennemie.
Le docteur Coste et ses hommes doivent de nouveau bouger et trouvent refuge dans une clairière où les obus les poursuivent.
Enfin, Ils arrivent jusqu’à un rideau de bois qui les protègent. Amanvillers est en feu.
Le camp français semble d’abord gagner la bataille. Les prussiens sont en déroute, mais, au lieu de lancer la réserve à leur poursuite, l’état-major se contente des hommes sur place. Epuisés par plusieurs jours de combats et ce dernier qu’ils viennent de donner, ils sont impuissants à contrer le corps de Poméranie qui arrive à la rescousse des troupes prussiennes.
Les munitions viennent à manquer, l’artillerie n’a plus de projectiles à envoyer, les réserves bloquées sur les routes encombrées ne leur sont toujours pas parvenues. Des bataillons entiers restent sur place, sans munition ni ordre et bientôt, c’est la débandade. Les hommes fuient le champ de bataille, certains jusqu’à Metz.
L’église de Saint-Privat est en feu et s’effondre avec fracas. La ferme de Moscou et le Point-du-jour brûlent. C’est pourtant là que sont installées les ambulances du 6e corps. Les autres ambulances, au loin, ne peuvent qu’assister au spectacle. Où sont les blessés et les soignants ? Ont-ils réussi à évacuer ou sont-ils ensevelis sous les décombres fumants ? On l’a vu plus haut, ils seront faits prisonniers.
L’ennemi aussi est épuisé. Il ne poursuit pas les français, mais cette bataille lui a permis de faire la jonction de ses armées. Une autre forme de guerre va commencer.
En attendant, c’est la fuite vers Metz.
Au 91e de ligne, le docteur Paret, médecin-major, fait les comptes : cinq officiers morts (sur le champ de bataille ou de leurs blessures), six blessés, cinq soldats sont morts, 57 ont été blessés et 34 sont portés disparus.
La capitaine Souillot, le lieutenant Jaillet sont morts au combat. Le capitaine Paganacci, le sous-lieutenant Vial et le sous-lieutenant Pintre ne survivront pas leurs blessures.
Le 95e de ligne a 2 officiers de tués, les lieutenants Nirascou et Farny, et 7 de blessés, 18 hommes de troupe sont tués et 116 blessés.
L’ambulance n°1 de la société française de secours aux blessés a ramené, la veille, les blessés de la ferme de Mogador. Ce 18 août, au son du canon, une section de l’ambulance est envoyée à Chatel mais ne parvient pas jusque-là.
Obligée de se replier sur le village de Lessy, elle y trouve 150 blessés entassés dans l’église.
Vers le soir, elle réussit enfin à atteindre Chatel, pour y trouver une centaine de blessés. Le spectacle est abominable. C’est un véritable abattoir dans lequel les blessés gisent, baignant dans leur sang, assoiffés. Parmi eux ce trouve un général. Il a reçu une balle dans la colonne vertébrale et se retrouve complètement paralysé. Trois autres officiers ont les jambes broyées. Les derniers pansements sont faits à trois heures du matin.
A quatre heures, les soignants repartent, emmenant avec eux les blessés pouvant être contenus dans leurs quatorze voitures. A huit heures, l’ambulance n°1 quitte Lessy. Une partie des chirurgiens accompagne les blessés jusqu’à la caserne du génie.
Les ambulances sont au cœur des combats. Elles les suivent, parfois doivent abandonner les blessés pour fuir l’ennemi. Sans protection contre les tirs d’artillerie, la convention de Genève ne les protège pas plus de la capture. Le terrible enseignement de ces journées modifiera le système des soins en temps de guerre, qui sera appliqué 44 ans plus tard.
Au moment où les combats de Saint-Privat prennent fin, les bombardements reprennent à Strasbourg. Ils provoquent un gigantesque incendie au faubourg National. Un obus tombe sur un pensionnat pendant que les jeunes filles sont à la prière. Cinq sont tuées, une meurt deux heures plus tard. Six sont transportées à l’ambulance du petit séminaire. Trois sont amputées de la jambe et une de la cuisse. La guerre blesse et tue aussi les civils.
Quel sort va-t-il être réservé à Metz et à ses habitants ?
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 18 août 2020