Département après département, les régiments de gardes mobiles se constituent. Les pauvres gamins ne sont pas bien lotis. L’aide-major Fiaux, médecin de l’ambulance du 5e bataillon de la garde mobile de Paris nous les décrit : « nous sommes en présence d’un grand nombre de jeunes gens, trop brusquement arrachés à leurs habitudes, des boiteux, des estropiés, des idiots et beaucoup d’hommes d’une constitution misérable ; cela est dû à la hâte de la formation du bataillon du 5e arrondissement. Plus tard, il a fallu renvoyer ces non-valeurs. »
Du 31 juillet au 15 août, au camp de Châlon, on essaye d’en faire des soldats. Mais le mauvais vin distribué par les cantinières ou trouvé dans les cabarets du coin, ajouté à une mauvaise eau, provoque beaucoup de malade. A cela s’ajoute une prostitution non surveillée qui augmente le nombre de vénériens. Ces hommes n’ont pas l’habitude d’obéir aux ordres et l’indiscipline et la violence règnent dans le camp. Bon gré, mal gré, ils deviennent des soldats. Du moins, certains d’entre eux.
Des 41 000 hommes figurant sur les rôles du contingent, il n’en reste vite que 14 000 sous l’uniforme. Beaucoup ont trouvé le moyen de se faire la belle, et l’armée et l’administration de l’époque ne permettent pas de les rechercher. C’est une des choses qui changera, d’ici la première guerre mondiale. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Finissons d’abord cette guerre.
Le 17 août 1870 ; la Mobile de Paris quitte le camp de Châlon pour Saint-Maur.
Pendant ce temps-là, l’armée de Metz continue son mouvement de repli sur la ville.
Le 95e de ligne démarre à 3 heures du matin du 17. Il arrive près de Verneville à 9 heures, la position de la veille.
Il s’installe entre les fermes de Leipsick et de la Folie.
A gauche, les mitrailleuses installées devant la ferme de Saint-Hubert, tirent à de nombreuses reprises. Les combats n’ont pas vraiment cessé, ils ont juste diminué en intensité.
L’armée française occupe la ligne Rozérieulles et Saint-Privat.
A Metz, l’ambulance du Lycée est ouverte.
Elle est placée sous les ordres du docteur Bertrand, chirurgien en chef de la division de cavalerie de la Garde.
218 blessés de la bataille de Gravelotte y sont amenés pour être soignés. L’organisation est idéale : chaque blessé dispose d’un lit, installés dans les dortoirs, dans trois bâtiments isolés les uns des autres (idéal pour éviter les propagations de maladie) dont ventilés par de grandes cours plantées d’arbre qui les séparent.
L’infirmerie même du lycée comporte deux salles munies de lits, d’une pharmacie avec un matériel suffisant et une cuisine à grand fourneau.
Le personnel du lycée, resté sur place, s’occupe de l’intendance, faire les repas, le pain, etc. Les femmes et les filles des fonctionnaires étaient également mises à contribution : soin ou lingerie. Un rêve pour un médecin-major. Cela le change du cauchemar du champ de bataille, où l’on doit abandonner les blessés faute de transport.
Le 17 août encore, la quatrième ambulance de la Société française de secours aux blessés, quitte Paris, sous les ordres du chirurgien en chef Pamard, à quatre heures du soir. Elle se rend à Châlons-sur-Marne qu’elle atteint le lendemain matin.
Les acteurs se mettent en place pour l’acte suivant, le lendemain.
Au même moment, les hommes tombent à Strasbourg : Louis Chabalier, du 18e de ligne, est amputé de la jambe gauche après un coup de feu. Louis Antoine Bastier, de Valence, clairon au 18e, reçoit une balle lui fracturant le fémur et le genou droit, il est également amputé. Jean Lacaze, de Pomaray, caporal au 87e de ligne se prend une balle dans la poitrine et une dans le poignet gauche.
Ceux-là survivront. D'autre meurent ... Beaucoup vont mourir
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 17 août 2020