Le 7 août 1870, le réveil est difficile pour l’armée française. Tous les corps reçoivent l’ordre de prendre des positions en arrière de celles qu’ils occupent. Le 1er corps recule de Saverne à Phalsbourg, le 5e se retire à la Petite-Pierre, le 2e passe de Sarreguemines à Puttelange, le 3e reste à Saint-Avold. La Garde Impériale revient à Courcelles-Chaussy, la 1ère division de réserve de cavalerie se rend àSaint-Mihiel, la 2e division à Sarrebourg et la 3e à Saint-Avold. Le 6e corps, arrivé à Nancy, doit retourner au camp de Châlons, le 4e corps part pour Metz. La 2e division (Grenier) quitte Boucheporn pour rejoindre le 3e corps, à Saint-Avold. La 3e division va à Helstroff et la division de cavalerie est à Boulay.
Les villes de Metz, Verdun, Montmedy, Longwy, Thionville, Bitche, Strasbourg et les places de l’Alsace, Phalsbourg, Marsal, Toul, Belfort, sont déclarées en état de siège.
A Metz, les arbres sont coupés sur les glacis et sur les routes à portée des forts et de la place, dégageant le terrain et utilisés pour faire des palissades, fermant les portions d’escarpe de Saint-Julien et de Queuleu.
Les allemands n’ont pas poursuivi les français. L’empereur est confiant et rassemble son armée, pour la suite.
Pendant ce temps-là, les blessés continuent à affluer dans les ambulances et l’état de leurs blessures témoigne de la violence des combats.
Mohamed Ben Shqir, du 2e tirailleurs algériens arrive le 7 à Haguenau. Il a eu le poignet gauche traversé par une balle et les os du carpe sont brisés. Il arrive à l’ambulance installée dans l’école des filles. Les médecins veulent l’amputer, mais il refuse. Sa volonté lui sauve la vie, beaucoup d’amputés ne survivent pas à l’opération.
François Vérizaut, vingt-quatre ans, de Tulle, soldat au 47e de ligne a reçu un éclat d’obus à Woerth, lui fracturant la jambe gauche. Il est amputé au tiers supérieur de la jambe.
Louis Victor Heusai, vingt-cinq ans, de Pont-Saint-Maxence, dans l’Oise, est sergent au 1er zouaves. A la bataille de Froeschwiller, il est touché par balle au poigné droit, fracturé. Il est amputé de l’avant-bras.
Jean Nougaillou, vingt-quatre ans, de Toulouse, caporal au 67e de ligne, a reçu un coup de feu à la face à Forbach et perd l’œil droit. Ernest Joseph Bonhommet, vingt-quatre ans, soldat au 63e de ligne, perd son œil gauche à Spickeren.
Amédée Hildevert Quatrevaux, vingt ans, de Nouvion-le-Comte, dans l’Aisne, soldat au 63e de ligne, a reçu une balle en pleine poitrine, à Spickeren, provoquant une atrophie du côté gauche du thoras, de l’épaule et du bras avec perte des mouvements d’élévation.
Jacques Joseph Bonnet, vingt-neuf ans, du 3e zouaves a eu le bras droit emporté par un boulet à Reischoffen.
Beaucoup de ces blessés garderont des séquelles à vie de leurs blessures, et la pension que l’état leur donnera ne compensera jamais, chez des hommes aussi jeunes, la perte de leur autonomie.
Et l'hécatombe ne fait que commencer.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 7 août 2020