La journée du 2 août et l’affaire de Sarrebrück ont été une réussite tiède, l’ennemi n’était pas vraiment en nombre « satisfaisant » pour une bataille, d’où l’appellation « affaire ». Mais, dans la soirée, une dépêche provenant de Wissembourg annonce que des troupes bavaroises se sont emparées de la maison des douanes, à la porte de Landau et qu’elles comptent s’installer à Altenstadt, faubourg de Wissembourg. La petite victoire perd vite de son éclat.
Le maréchal de Mac-Mahon doit changer ses plans et envoie, avec un jour d’avance, le général Douay, sur Wissembourg, avec pratiquement toute la 2e division. Seuls deux bataillons, détachés à Seltz, doivent attendre la relève pour les rejoindre.
Dans le même temps, les troupes allemandes se dirigent vers le même point. La 4e division bavaroise est à 10 km de Wissembourg, avec 13 bataillons, 4 escadrons, 24 bouches à feu, tandis que le Ve corps est juste à côté de la ville, avec 25 bataillons, 8 escadrons et 84 bouches à feu.
La journée du 4 promet d’être un jour d’affrontement entre les deux armées.
En attendant, la journée du 3 n’est pas favorable. La pluie s’abat sur les troupes, en fin d’après-midi et toute la nuit.
Les français ne sont pas inquiets. Tous les renseignements qu’ils recueillent tendent à cette phrase « je ne pense pas que l’ennemi soit en forces dans nos environs. »
Pour cette raison, le général Douay est seul avec ses hommes. En cas de problème, les renforts les plus proches sont à quatre heures de marche, à 15km à Lembach pour la 1ère division, 7h30 de marche, 30 km à Reichshoffen pour la 4e division et 8h30 de marche, 35 km à Hagnenau pour la 4e division. Si l’on ajoute, à ce temps de déplacement, le temps que mettra le général Douay à appréhender les forces de l’ennemi et envoyer des messages aux divisions, les secours arriveront trop tard.
C’est bien là le problème de l’état-major. Surestimer ses forces, sous-estimer celles de l’adversaire.
Pendant que le général Douay, à Wissembourg, se prépare à l’affrontement, les autres corps d’armée, en Lorraine, ne changent pratiquement rien.
Le 2e corps, réparti en trois lignes à Sarrebrück, se contentent de quelques coups de canon, à minuit, sur la gare où il pourrait y avoir eu des trains ennemis en mouvement.
Au soir du 3 août, les acteurs sont en place : face à l’armée du Rhin, dirigée par le général Abel Douay, forte de 264 964 hommes et 61 248 chevaux, se trouvent les trois corps de l'armée allemande.
En écrivant ces mots, je ne peux m’empêcher de penser aux habitants de Wissembourg. Qu’ont-ils pensé en voyant l’armée française investir leur ville, une armée de guerre ? Ont-ils fui, sont-ils restés terrés chez eux, ont-ils vécu leur journée comme d’habitude ? Et le lendemain ?
Le lendemain, nous seront le 4.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 3 août 2020