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Lorsque le médecin-major Bertrand est nommé médecin en chef de la cavalerie de la garde, il n’imagine pas que ses premiers combats vont être tourné vers les latrines.

Il quitte Paris, le 23 juillet, pour rejoindre Nancy et le corps d’armée du général Bourbaki. A son arrivée, la garde vient de partir pour Metz et c’est dans cette ville, que le médecin trouve sa division.

Il ne trouve pas que cela, d’ailleurs. Campés au polygone dans l’île Chambière, ses hommes remplacent, au même endroit, les troupes du 3e corps parties vers Boulay et la route de Sarrebrück. L’état de l’île est lamentable. Le sol est jonché d’une grande quantité de détritus. Les troupes ne sont pas restées suffisamment longtemps pour creuser les tranchées des latrines et enfouir les déjections des centaines d’hommes présents. Je vous laisse imaginer le spectacle lamentable qui s’offre aux yeux du docteur Bertrand.

A ce qui a été laissé par les troupes, s’ajoute les odeurs pestilentielles des abattoirs de la ville, juste à côté. Je vous rappelle que nous sommes en été, un été particulièrement torride.

Les craintes du docteur Bertrand sont vite réalisées. Les affections intestinales (diarrhées, embarras gastriques) et même quelques cas de choléra sans gravité, commencent à attaquer l’armée, hommes de troupes et officiers confondus.

La première tâche à laquelle le médecin-chef va s’attaquer, sera de faire creuser des latrines et ensevelir les déchets qui jonche le campement avec de la terre et des branchages. Les hommes ont interdiction de sortir la nuit de leurs tentes, sans être couverts, interdiction de boire de l’alcool et surtout, doivent conserver LA ceinture de flanelle. Grâce à ces précautions, l’état sanitaire des hommes ne s’aggravent pas, et même s’améliore.

Il est intéressant de comparer les propos de l’Assemblée avec la réalité. Le 23 juillet, interpellé sur l’état des ambulances de l’armée, par le baron Brenier, le ministre de la guerre, le vicomte Dejean répond « notre service médical devant l’ennemi sera parfaitement organisé ».

Le docteur Bertrand est médecin militaire, et contrairement à ce que prétend le gouvernement, il n’a pas l’équipement nécessaire. A son arrivée, le personnel de l’ambulance se compose d’un seul aide-major et d’un aide-major pharmacien. Deux autres aides-majors, stagiaires du Val-de-Grâce n’ayant pas encore passé leurs examens, viennent compléter l’ambulance. Le personnel d’administration et les infirmiers ne sont toujours pas arrivés. Et il n’y a pas de matériel.

Le médecin-chef doit batailler longuement pour obtenir deux caissons d’ambulance. Il obtient enfin un officier d’administration et douze infirmiers. Le 2 août, deux nouveaux médecins du Val-de-Grâce arrivent à leur tour.

La guerre est déclarée depuis le 19 juillet, par la France, et pourtant, rien n’est prêt.

Le docteur Bertrand réussit à obtenir, grâce à l’appui du commandement (on croit rêver !!!) l’approvisionnement normal des caissons, plus cinquante brancards confectionnés par les industriels de Metz, quatre tonneaux de cinquante litres de vin, des pâtes alimentaires, du chocolat, des pots d’extrait de viande concentrée.

Quant aux médicaments, largement insuffisant, c’est auprès du quartier général et des pharmacies locales, que le docteur Bertrand parvient à compléter la pharmacie de l’ambulance.

Le 4 août, l’ambulance du docteur Bertrand est prête. La guerre est déclarée depuis deux semaines.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 23 juillet 2020