Les femmes n'ont pas toujours eu la vie facile, face à l'administration. Elles ont dû attendre 1944 pour avoir le droit de vote et être éligibles, 1965 pour travailler ou ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de leur mari ou de leur père.
Alors imaginez durant la première guerre mondiale. Ces femmes ont dû remplacer les hommes pour toutes les taches du quotidien mais dès qu'il s'agissait de finance ou de décision notariale, elles étaient coincées. Sans l'accord du mari, il fallait en passer par la justice.
C'est le cas d'Elise Lambert. Son mari, Camille Racine, mobilisé au 113e régiment d'infanterie, est porté disparu depuis le 19 septembre 1914. Elle a, à son nom et souscrit avant son mariage, un livret de caisse d'épargne sur lequel se trouvent huit cent francs. Elle est journalière et a besoin de son argent pour vivre mais elle ne peut pas le toucher sans l'autorisation de son mari............. disparu.
Elle doit donc aller au tribunal et demander cette autorisation à celui-ci, ce qu'elle obtient, le 16 décembre 1916.
Le problème de Marie Marchais est différent. Avec son mari, Jacques Adrien Paquet, elle tient la ferme du petit Tracy moyennant un fermage annuel de mille sept cent francs. Mais la guerre est arrivée et son mari, incorporé au 113e régiment d'infanterie, a disparu le 28 octobre 1914 en forêt d'Apremont.
Elle reste seule pour gérer la ferme, ce qui lui est impossible, la main d'oeuvre étant difficle à trouver. Le propriétaire le comprend bien car il lui propose de résilier le bail.
Mais cela ne peut se faire sans l'accord de Jacques Adrien........... disparu depuis deux ans. Marie doit, comme Elise, aller au tribunal, d'une part pour protéger les intérêts de sa fille, lui nommer un curateur et d'autre part l'autoriser à signer l'accord avec son propriétaire.
Non seulement ces femmes ont dû gérer le chagrin de la perte de leur mari, la peur que leur disparition soit définitive, assumer la vie difficile pour une femme en temps de guerre, mais en plus se battre pour leurs droits.
Dommage collatéral de la guerre, un de plus.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 22 février 2017