Au siège de Paris, les prussiens veulent reprendre Le Bourget.
Les combats reprennent avec encore plus d’intensité. Les obus tombent sur la ville, dispersant les soldats français et les éloignant de leurs postes de combat. Plus de quinze mille hommes cernent le village de deux côtés, entre Dugny et le chemin de fer.
Les barricades montées la veille par les hommes du génie et les mobiles ne résistent pas à l’artillerie prussienne. L’artillerie française ne fait pas le poids non plus. Elle est placée de manière à protéger la retraite. Malgré tous les efforts des artilleurs français, ils se retrouvent submergés par les tirs prussiens et doivent prendre au trot la route d’Aubervilliers. L’infanterie ne peut plus tenir. Ils se replient en hâte avant d’être piégés dans le village. Ceux qui se sont réfugiés dans les caves sont capturés, de même que les hommes en tête des combats, qui ne réussissent pas à quitter le village avant son encerclement.
La retraite des autres est couverte par les hommes du 35e de marche, les chasseurs à pied et les turcos qui venaient relever la garnison du Bourget. Le fort d’Aubervilliers tire pour tenter d’ouvrir un chemin aux soldats piégés, en vain. Les hommes luttent de toutes leurs forces mais les tirailleurs prussiens sont déjà là, protégés par les murs des maisons.
Il est trop tard pour eux.
Il faut protéger le fort et la route. Les soldats du génie protégés par les mobiles, creusent des tranchées, confortent les barricades, pour couper l’espace entre la Courneuve et la grande route. Mais les prussiens n’avancent plus. Ils ont repris le Bourget et occupent la route de Lille.
Les ambulances de la presse et de six ambulances de la société française de secours aux blessés sortent pour recueillir les blessés.
Au combat du Bourget, vingt-six officiers hors de combat : huit tués sur le champ de bataille et quatre qui décèdent de leurs blessures.
Le sergent major Louis Jules Bourdelas, vingt-quatre ans, natif de Courville, Eure-et-Loir, des mobiles de la Seine, doit être amputé de la jambe droite, fracturée par un coup de feu. Louis Jean Paltot, vingt-neuf ans, natif de Boutancourt, Ardennes, soldat au 21e d’artillerie, est amputé de la jambe droite fracturée par un éclat d’obus. Antoine Romagnat, vingt-un ans, natif de Lempdes, Puy-de-Dôme, soldat au 95e de ligne, est amputé de la jambe gauche, fracturée par un éclat d’obus. Bernardin Scaglian, vingt-quatre ans, natif de Zicavo, Corse, lieutenant des mobiles de la Seine, est amputé de la jambe droite, le fémur et le genou fracturés par un coup de feu.
A Dijon, abandonnée par l’armée, la population refuse de céder. Alors que les armes sont ramenées dans des charrettes, dans les deux cours du palais des Etats, la population se rue sur elles et s’'empare de armes. C’est la confusion la plus totale. Mais dès les premiers coups de canon, le calme revient. Ceux qui veulent combattre sortent affronter l’ennemi. Il est midi.
La veille, à l’annonce, par le préfet, du refus de reddition de la ville, le colonel Fauconnet a renvoyé ses troupes à Dijon, du moins celles qui n’ont pas encore pris la route de Lyon. 170 hommes du 6e chasseurs sont arrivés à trois heures du matin, à Saint-Apollinaire. Les francs-tireurs du Rhône, de la Côte-d’Or et des mobiles prennent position au passage de la Tille. Attaqués par les troupes badoises, ils se retirent sur Varois où l’ennemi les attaque de nouveau. Les hommes du 6e chasseurs quittent alors Saint-Apollinaire pour leur prêter main-forte. Mais la supériorité numérique et l’artillerie prussienne les refoulent tous sur Saint-Apollinaire.
Arrivés en avant de la ferme de Sully, les français tentent de reprendre l’avantage, le colonel Fauconnet venant d’arriver avec trois cents hommes du 71e de ligne. C’est peine perdue. Les prussiens ont trente-six bouches à feu et sont bien trop nombreux.
Les français reculent jusqu’à Saint-Apollinaire. Ils se heurtent à un bataillon de grenadiers badois. Le combat se poursuit dans les vignes. La fusillade intense tient l’ennemi un temps en échec. Il est midi et demi. Ils se battent, pied à pied, corps à corps et ne cèdent le terrain à l’ennemi, que lentement. Les soldats français sont repoussés sur les faubourgs de la ville, Saint-Pierre et Saint-Nicolas.
Ils dressent des barricades en avant du clos Morel. Des renforts arrivent, ce sont des mobiles de la Lozère, de l’Yonne et de la Côte-d’Or, des francs-tireurs du Rhône et un détachement du 90e de ligne. Ils prennent position à la porte Saint-Pierre, et derrière la barricade de la route de Mirande, dans les maisons du faubourg d’Auxonne. Ils sont rejoints par trente-deux gardes nationaux volontaires venus de la ville.
Malgré ces renforts, l’ennemi est bien plus nombreux. L’ennemi tente de contourner par le nord. Il se heurte au bataillon de mobile de la Lozère qui s’établit dans le cimetière, vers Talant.
Vers trois heures, l’artillerie prussienne continuant à pilonner les troupes françaises, les badois pénètrent dans la ville. Le colonel Fauconnet se lance à la tête de ses troupes et est fauché par une balle qui l’atteint à l’abdomen. Transporté à l’ambulance, il y décèdera dans la nuit. Le commandement passe au chef d’escadron de la gendarmerie, Regad.
Pour les prussiens, le combat de rue qui s’engage ne les tente pas. Ils évacuent les lieux, laissant leur artillerie incendier une partie des faubourgs. Comme le colonel Fauconnet avant lui, le chef d’escadron Regad comprend que la ville ne peut être sauvée. Bientôt, le drapeau blanc flotte sur la tour du palais des ducs de Bourgogne. Les troupes françaises se retirent sur Beaune, sans être inquiétées, pendant que les troupes badoises installent leur cantonnement à Saint-Apollinaire, Quétigny et Couternon. Le dernier coup de canon est tiré à six heures du soir.
Les pertes françaises s’élèvent à 563 hommes dont 160 tués. Quinze officiers hors de combat, trois tués dont le colonel Fauconnet.
Le lieutenant François Antoine Calamy, trente-cinq ans, natif de Saint-Jean-des-Ollières, Puy-de-Dôme, mobile de la Côte-d’Or, souffre d’une plaie compliquée de l’avant-bras droit par coup de feu.
Gustave Frédéric Benet, soldat au 71e de ligne, a la rotule gauche fracturée par un coup de feu. Joseph Alexandre Bertholle, trente-cinq ans, natif d’Ornoy-sur-Aube, Haute-Marne, soldat au 90e de ligne, a la mâchoire fracturée.
Au bataillon de la Lozère, un officier a été blessé, le capitaine Berthou, et quinze hommes ont été tués et quarante blessés.
Jean Baptiste dit Soltet, garde mobile de la Lozère, perd un doigt par coup de feu.
Les mobiles de l’Yonne ont deux tués, Bossin et Allard et dix-huit blessés.
Plusieurs habitants perdent la vie ce jour-là et bien d’autres sont blessés. Ils sont de tous les combats, sur tous les champs de cette bataille, au côté des soldats français, défendant leur ville jusqu’au bout.
Antoine Fagot a la clavicule et l’omoplate droites fracturées par balle. Alexandre Nebel, est blessé à la jambe gauche par un coup de feu. Ils sont tous deux de la garde nationale sédentaire.
Mais Dijon est tombé et brûle, en partie incendiée comme le fut Châteaudun.
Le Bourget, Dijon, le constat est le même : l’ennemi est en nombre bien supérieur à ce que les français peuvent aligner contre lui.
Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 30 octobre 2020