• Description

Siège de Paris : Le Bourget est un lieu stratégique par lequel l’ennemi tient la route du nord, par Senlis, et la route de Metz, par Soisson.

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Cela fait un certain temps que le général de Bellemare, établi à Saint-Denis, aimerait occuper le Bourget. Il a fait espionner au maximum le secteur sans obtenir de renseignements assez fiables pour intervenir, jusqu’à ce qu’une reconnaissance des mobiles de la Seine lui apporte la preuve d’une présence prussienne massive au Bourget. Dans la soirée du mercredi 26 octobre 1870, le fort de Romainville dominant la plaine d’Aubervilliers, couvre d’obus le Bourget. Deux jours plus tard, le 28, à cinq heures du matin, le général envoie les francs-tireurs de la Presse sur le Bourget. Il y envoie également le 8e bataillon de mobiles de la Seine, qui se trouve à Bobigny et le 15e bataillon qui est au fort d’Aubervilliers.

C’est la surprise totale pour l’ennemi dont les barricades sont emportées. Lorsque le jour se lève, le Bourget est aux mains des français. Les prussiens ont dû reculer jusqu’à la Morée, au pont Iblon. Reprendre le Bourget fut facile. Le garder le sera beaucoup moins.

Vers dix heures, l’ennemi envoie l’artillerie et des forces considérables pour reprendre le Bourget. L’artillerie arrive de Gonesse et des hauteurs, entre Pierrefitte et Ecouen. Elle commence ses tirs sur le Bourget, déjà en feu, pendant deux longues heures. Dès la fin des tirs, les lignes ennemies avancent jusqu’à huit mètres de l’entrée du village par le Nord, mais sont accueillies par le feu nourris des troupes françaises qui tiennent bon, toute la journée, commençant à établir ces défenses. La journée s’achève sans que les prussiens ait pu reprendre la ville.

Les ambulances de la Presse sont envoyées au Bourget. Elles s’établissent à la Courneuve. Elles prennent en charge les blessés dont Alfred Louis Bercher, vingt-deux ans, natif de Paris, mobile de la Seine, l’humérus gauche fracturé par un éclat d’obus

Ailleurs, autour de Paris, un détachement pénètre à Drancy établit des barricades et fait créneler les murs. Un autre détachement réoccupe Bondy. A Choisy, les guérillas de l’Ile-de-France ont un engagement avec les bavarois. Ils ont deux tués et cinq blessés.

Dans le Nord, les troupes françaises sont localisés à Fleury-sur-Andelle, à Argueil et à Amiens. Le 28 octobre, la pluie tombe sans discontinuer sur une terre d’argile fraichement labourée et détrempée. Le terrain n’est que labours séparés par des haies et des bandes boisées. Les troupes d’Agueil sont sous les ordres du colonel d’Espeuilles. Elles sont réparties sur la Feuillie, Argueil, Forges, Gaillefontaine, Villedieu, Haucourt, Crumesnil, Longmesnil et Formerie. Un peloton du 3e hussards se trouve dans cette dernière localité.

L’instituteur de Marseille-le-Petit, occupé par les prussiens, réussit à faire parvenir au colonel d’Espeuille, par le télégraphe, l’information que l’ennemi projette une expédition sur Formerie. Ils veulent s’emparer du chemin de fer d’Amiens à Rouen. Les services du télégraphe fonctionnent à plein régime, du moins pour les lignes qui n’ont pas été détruites par les prussiens. Le 27 octobre, le 5e bataillon de marche est envoyé en chemin de fer depuis Le Havre avec mission de garder la voie ferrée. Il cantonne à Formerie et trois autres localités situées à moins de dix kilomètres de Formerie, à la grande surprise du colonel d’Espeuille, qui croit d’abord avoir affaire à l’ennemi.

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Un peu avant neuf heures, le 3e hussards se replie sur la petite gare de Formerie, annonçant l’arrivée des uhlans. Une partie du 19e de ligne est là, sous les ordres du capitaine Dornat. Ce détachement, arrivés au Havre le 21 septembre et venant d’Alençon, a été intégrés au 5e bataillon de marche pour la défense du Havre. Il s’agit d’anciens soldats rappelés et d’engagés volontaires, de vrais soldats aguerris. Ce 28 octobre, ils sont 130 à garder la gare de Formerie. Ils ouvrent le feu, faisant tourner bride à l’ennemi, et poursuivent les cavaliers jusqu’à l’entrée de Formerie où ils se heurtent à un détachement prussien avec une batterie d’artillerie.

Les hommes se jettent dans les maisons les plus proches et ouvrent le feu. La fusillade dure une heure, le canon prussien incendiant quelques maisons. Vers midi, une compagnie de l’Oise, sous les ordres du capitaine Alavoine, arrive en renfort, suivie de près par le colonel d’Espeuilles et ses hussards. L’ennemi doit se retirer et le combat cesse vers une heure, dans Formerie. Au 19e de ligne, sept soldats sont tués, dix-huit blessés. Le capitaine Dornat figure parmi les blessés. Les prussiens ont une cinquantaine d’hommes hors de combat.

Au premier bataillon de l’Oise qui prend part au combat, le capitaine Alavoine est blessé à la main. Trois sous-officiers et douze mobiles sont blessés.

Les mobiles du Nord arrivent vers deux heures et combattent à leur tour jusqu’à quatre heures et demie. Une fois l’ennemi repoussé, ils partent cantonner à Granvilliers. Ils ont perdu deux hommes tués, douze blessés et six portés disparus.

Les soldats morts au combat sont Jules Prudent Binière, Isidore Auguste Lunel, Emile Burth, Eugène Blanchard, Jules Piette et François Gromez. Dans le cimetière de Formerie, les mobiles de l’Oise et les habitants feront élever un monument en leur mémoire.

Les blessés sont soignés à l’ambulance du docteur Lauga, d’abord établie chez la veuve Crespin, puis au bois de Formerie, chez M. Delaunay. Ils seront ensuite évacués sur Amiens et Rouen. Parmi eux se trouvent Emile Caniot, caporal clairon aux mobiles du Nord, blessé à la cuisse par un coup de feu, Saturnin Zénon Dupont, vingt-trois ans, natif de Sains, mobile du nord, la jambe gauche fracturée par un coup de feu, Jules Fievet, vingt-deux ans, natif de Sobre-le-Château, mobile du Nord, la jambe droite fracturée par un coup de feu

A l’Est, sur les six habitants de Seveux emmenés à Gray, quatre sont fusillés à Arc-lès-Gray. Leurs corps mutilés sont renvoyés aux familles, comme avertissement : Claude Etienne Bourderot, cinquante ans, capitaine de la garde national de Seveux, Antoine Riff, cinquante-cinq ans, rentier, père de trois enfants dont deux sont soldats, André Quantin, dit Verrier, et Jean Baptiste Nolly, trente-sept ans, homme d’équipe aux chemins de fer. Les deux autres, Verneret et Brand, sont épargnés. Le capitaine Bourderot a juré, avant de mourir, qu’ils n’ont pas pris part au combat et un des membres du conseil allemand, en douce, va inciter le plus jeune, Brand, à dire qu’il a moins de quinze ans.

A Dijon, la nouvelle de l’échec des troupes aux alentours de Talmay, met la population en émoi. Presque tous les prisonniers sont dijonnais et les familles s’inquiètent. A quatre heures du soir, le colonel Fauconnet, qui se trouve à Pontailler, télégraphie au comité de défense de la ville, qu’il se dirige sur Dijon pour sur Arc-sur-Tille. Il entend y rassembler les troupes, celles du colonel Lavalle, épuisées, mais également la garnison d’Auxonne, 1 700 hommes et 800 mobiles.

Mais les prussiens arrivent en force à Mirebeau, et obligent les mobiles d’Arc-sur-Tille a battre en retraite sur Dijon. Toutes les troupes françaises se retrouvent dans la ville, une ville ouverte impossible à défendre, comme le fut Châteaudun.

Le colonel Fauconnet sait qu’il n’a aucune chance de gagner, alors, dans la nuit, il organise la retraite sur Beaune. Les gardes nationaux ont ordre de rendre leurs armes ; pour ne pas subir le sort d’autres gardes nationaux, pris les armes à la main par les prussiens et fusillés dans jugement.

Au point du jour, le 29, il ne reste pas un soldat, pas un mobile, pas un gendarme à Dijon.

A Metz, le maréchal Bazaine approuve les conditions de la reddition, contre la volonté des civils et de beaucoup de militaires. Des manifestations éclatent en ville. A cinq heures du soir, le maréchal Bazaine se constitue prisonnier à Corny. La garde impériale est licenciée et versée dans les différents corps. L’armée de Metz a vécu. Elle a perdu 4 000 hommes tués depuis le début de la guerre, elle en perdra 11 000 qui mourront en captivité en Allemagne.

A Montmedy, un nouveau commandant vient d’arriver. C’est le commandant du génie Tessier, récemment nommé par le gouvernement de Tours. Le soir-même, une compagnie de mobiles en reconnaissance vers Marville, échange quelques coups de feu avec des Uhlans.

A Verdun, la réponse du commandant de la place à la municipalité est arrivée sous une forme plutôt bruyante. A quatre heures du matin, toute la garnison est dehors et les villages où campent les prussiens sont tenus en respect par de forts détachements, appuyés par des pièces de campagne. Pendant ce temps, d’autres détachements, appartenant aux corps d’artillerie et du génie, soutenus par les compagnies de turcos et de zouaves enclouent les canons prussiens, brise les affûts et détruisent les munitions. Le 57e régiment de ligne accuse des pertes dont le sous-lieutenant L Albert -Félix, tué, le lieutenant A.D. Mangenot et le sous-lieutenant J. Thivolet, blessés. Au 5e régiment de chasseurs, le capitaine JH Remaury et le sous-lieutenant MA Bougon sont blessés.

Le sous-lieutenant Phélix et le sergent Finelli, de la garnison de Thierville, sont tués.

Au total, un officier tué, quatre-vingt-seize sous-officiers et soldats tués ou blessés, presque tous devant Thierville et sur Saint-Barthelemy. La prise de Blmont n’a coûté que deux hommes. Sur la rive droite, sept hommes ont été blessés.

Parmi les blessés figurent Jules Abeilard Baudot, vingt-trois ans, natif de Saint-Remy-sur-Avre, Eure-et-Loir, sergent au 27e de ligne, la jambe gauche fracturée par un coup de feu, Charles Victor Blanchot, vingt-huit ans, natif de Paris, caporal au 80e de ligne, le bras paralysé par un coup de feu,  Emiel Adrien Bourras, vingt-cinq ans, natif de Sauve, Gard, soldat au 80e de ligne, l’humérus droit fracturé par un coup de feu, François Charles Gindrey, vingt-quatre ans, natif de Champigny-les-Langres, Haute-Marne, soldat au 1er train d’artillerie, plaie compliquée à la jambe droite par coup de feu à Thierville

Au lever du jour, les troupes sont de retour dans la ville. L’opération est un succès, mais la joie éprouvée par la population est vite ternie. Metz s’est rendu et l’armée de Bazaine est prisonnière. Aucun secours ne viendra sauver Verdun.

Christine Lescène - Le Blog d'une Généalogiste - 28 octobre 2020